L'ex-Woman Police Constable (WPC) Goomanee, anciennement affectée à la Special Striking Team (SST), a consigné une déposition explosive contre ses ex-collègues au Central Crime Investigation Department dans l'après-midi du 5 mars. Elle a fait des révélations aux enquêteurs concernant l'opération qui avait conduit à l'arrestation de l'instructeur de muaythaï, Vimen Sabapati, le 3 mai 2023, pour trafic de drogue présumé après la saisie de dix kilos d'une substance soupçonnée d'être de l'héroïne, et estimée à Rs 155 millions. Ce dernier a clamé son innocence lors de son audition.
Elle raconte qu'elle a fait partie de la Mauritius Police Force pendant environ dix ans. Elle a rejoint le service le 14 mars 2014 et a servi dans plusieurs unités spécialisées ainsi que dans différents postes de police à travers l'île. Elle a, entre autres, travaillé dans des unités spécialisées comme l'Anti-Robbery Squad Unit et la SST.
C'est en 2023 que l'ex-WPC Goomanee a été affecté à la SST en tant qu'aide-clerc, sous le commandement d'Ashik Jagai, alors assistant surintendant de police (ASP), et de Dunraz Gangadin, alors surintendant de police. Le rôle de ce dernier était de veiller au bon fonctionnement de l'unité. Le 3 mai 2023, selon l'ex-policière, alors qu'elle était en service, elle a reçu un message vers 9 h 30 sur le groupe WhatsApp du panel d'enquête. On l'a sollicitée pour participer à une opération avec une équipe de la SST. Après un briefing, une voiture a été attribuée à l'équipe dont elle faisait partie. Elle s'est rendue derrière l'auditorium J&J, à Phoenix, avec ses coéquipiers pour recevoir les ordres. Un sergent, qui était responsable de l'opération, leur a demandé de retourner à Port-Louis et de se rendre à la rue La Poudrière.
«Kontinie lafouy dan Casernes»
Pendant le trajet, l'ex-WPC Goomanee aurait reçu l'instruction via WhatsApp d'enregistrer toute l'opération, une directive donnée par l'ASP Jagai. L'unité a intercepté un Ford Raptor noir dans lequel se trouvait un homme. Le sergent lui a alors demandé de commencer l'enregistrement. Selon l'ex-agente, quatre policiers ont fouillé le véhicule et ont trouvé un sac noir ainsi qu'un pare-soleil à l'avant de la voiture. De l'argent a également été saisi dans le sac noir. Alors qu'ils continuaient la fouille, le sergent a ordonné que celle-ci se poursuive aux Casernes centrales. «Kontinie lafouy-la fouille dan Casernes», a dit le sergent. Selon les dires de Goomanee, les constables Pichakaren, Seechurn et Unmar sont montés dans le véhicule avec l'individu et se sont rendus aux Casernes centrales sous escorte.
Une fois arrivé, tout le monde est descendu du véhicule. L'homme transportait le sac noir, qui semblait léger et peu rempli. Au bureau, elle a appris que cet individu était Vimen Sabapati. Il a d'abord été placé dans un bureau avant d'être transféré dans une autre salle avec ses affaires, notamment un sac en plastique bleu et le sac noir. À un moment donné, selon l'ex-WPC Goomanee, l'agent Chotay a pris les deux sacs et s'est éloigné. Plus tard, ils ont tous été rappelés dans le premier bureau et ils se sont assis. Tous les objets trouvés dans le sac en plastique bleu ont été déposés sur une table. À côté de ces objets, parmi lesquels se trouvaient des chemises blanches, se trouvait le sac noir, qui semblait plus rempli qu'au moment de son entrée dans le bureau.
D'après l'ex-policière, l'ASP Jagai et un autre policier sont entrés dans la pièce, et ce dernier a commencé à fouiller le sac noir. Il en a sorti plusieurs sachets en plastique contenant une poudre blanche solide, dégageant une forte odeur piquante qui a irrité tout le monde dans la pièce et les a fait tousser. Elle affirme qu'il n'y avait aucune odeur lorsque ses collègues et elle sont entrés dans la pièce. Pendant tout ce temps, elle continuait à enregistrer la scène.
Une policière est ensuite entrée dans la pièce et a donné une bouteille d'eau à Vimen Sabapati qui a bu quelques gorgées. Puis, le constable Seechurn lui a demandé d'aller aux toilettes avant la mise sous scellés des objets saisis. Une fois qu'il est sorti de la pièce, l'ex-WPC Goomanee dit avoir vu un agent prendre la bouteille dans laquelle Vimen avait bu, la déboucher, y verser une petite quantité d'eau dans le bouchon et en asperger le sac noir. Par la suite, selon l'ex-policière, on lui a demandé de rencontrer l'ASP Jagai, qui a visionné l'enregistrement et lui a demandé de le détailler. Cependant, sachant qu'il y avait eu une violation de la procédure policière, Goomanee dit avoir décidé de conserver l'enregistrement pour elle-même.
Pressions exercées
Elle explique ensuite avoir été transférée au bureau du Prosecutor de Rose-Hill. En décembre 2024, lors d'une patrouille à Trianon, elle a rencontré Vimen Sabapati et lui a dit qu'elle avait un enregistrement montrant la différence de taille du sac noir. Par la suite, l'ex-policière s'est rendue à l'étranger pour des raisons médicales.
À son retour au bureau du Prosecutor de Rose-Hill, elle a appris que Vimen Sabapati avait juré un affidavit au sujet de cet enregistrement. L'ex-policière a été convoquée par la SST pour une enquête en relation à cet affidavit. Un sergent l'a informée qu'elle allait être arrêtée pour complot. Aux Casernes centrales, l'ASP Jagai lui a lancé : «Donn mwa video-la sinon mo pou bizin aret ou pou conspiracy.» L'ex-WPC explique qu'elle n'a finalement pas été arrêtée, mais qu'elle a subi une pression constante de la part de ses supérieurs. Elle a ensuite été transférée au poste de police de Bambous et sous la pression, n'ayant pas d'autre alternative, elle a dû démissionner. Elle dit vivre depuis dans une peur constante. Elle a mis son téléphone à la disposition des enquêteurs pour examen.
Pour rappel, Vimen Sabapati a été arrêté pour trafic de drogue présumé après la saisi de dix kilos d'une substance soupçonnée d'être de l'héroïne, d'une valeur marchande de Rs 155 millions. Il a clamé son innocence.