Amnesty International appelle les autorités sénégalaises à lever la loi d'amnistie portant sur les faits liés aux manifestations politiques ayant secoué le Sénégal entre février 2021 et février 2024. Ce, pour « rendre justice, vérité et réparations aux milliers de victimes de la répression violente des manifestations ».
L'organisation internationale qui promeut la défense des droits humains l'a fait savoir hier, jeudi 6 mars, lors de l'an 1 du vote de la loi qui couvre « tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d'infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu'à l'étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques, y compris celles faites par tous supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non». «La justice, la vérité et la réparation exigent que les forces de sécurité présumées responsables d'un usage excessif et illégal de la force lors des manifestations soient poursuivies.
La loi d'amnistie constitue un obstacle que les autorités sénégalaises actuelles doivent lever, comme elles s'y sont engagées », a déclaré le Directeur régional par intérim d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, Marceau Sivieude. En effet, les autorités ont pris la décision d'accorder 10 millions de FCFA aux familles des personnes tuées au cours des manifestations politiques entre février 2021 et 2024 et 500.000 FCFA d'aide à plus de 2.000 ex-prisonniers (libérés à la faveur d'une loi d'amnistie).
Pour le Directeur exécutif d'Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, cette aide financière est un « premier pas ». « Cependant, elle ne répond pas à leur besoin de justice, ni ne constitue une garantie que de tels événements ne se reproduisent pas dans le futur. Les autorités sénégalaises doivent abroger la loi d'amnistie et rendre justice à toutes les victimes de violations des droits humains lors des manifestations », a-t-il déclaré.
Selon les chiffres recueillis par Amnesty International et d'autres organisations de la société civile, « au moins 65 personnes ont été tuées, la majorité par arme à feu, et au moins 1 000 autres blessées. Environ 2000 personnes ont été arrêtées durant cette période ».