En ce mois béni qui voit coïncider le Ramadan musulman et le Carême chrétien, le Vatican appelle les fidèles des deux religions à ne pas seulement coexister, mais à "devenir ensemble" des témoins d'espérance dans un monde en quête de fraternité.
Le Dicastère pour le dialogue interreligieux du Vatican vient d'adresser un message chaleureux à la communauté musulmane à l'occasion du Ramadan 2025. Cette année, le calendrier spirituel offre une opportunité exceptionnelle : le mois sacré musulman coïncide en grande partie avec le Carême chrétien, créant un moment privilégié de cheminement parallèle dans la foi.
"Cette proximité dans le calendrier spirituel nous offre une occasion unique de marcher côte à côte, chrétiens et musulmans, dans une démarche commune de purification, de prière et de charité", souligne le message du Vatican, qui pose une question fondamentale : "Voulons-nous être de simples collaborateurs pour un monde meilleur, ou de véritables frères pour témoigner ensemble de l'amitié de Dieu envers tous les hommes ?"
Des pratiques spirituelles qui se répondent
Au Sénégal, terre de dialogue interreligieux, cette coïncidence résonne particulièrement. Les familles partagent depuis longtemps des traditions comme l'offrande du Ngalakh, préparée par les chrétiens à Pâques et partagée avec leurs voisins musulmans, ou l'échange de viande de mouton lors de la Tabaski. Ces gestes, enracinés dans le quotidien, témoignent d'une fraternité vécue concrètement.
Le message du Vatican reconnaît les similitudes spirituelles entre les deux traditions : "Plus qu'un mois de jeûne, le Ramadan nous apparaît, à nous catholiques, comme une école de transformation intérieure." Il rappelle que le Carême, comme le Ramadan, invite à un chemin de purification par "le jeûne, la prière et l'aumône", ces pratiques qui permettent de "purifier nos coeurs et de nous recentrer sur Celui qui anime notre vie."
Bâtir ensemble un avenir de fraternité
"Notre monde a soif de fraternité et de véritable dialogue", affirme le document, qui invite musulmans et chrétiens à aller au-delà des simples pratiques spirituelles pour devenir "des frères et des soeurs en humanité qui s'estiment profondément." Cette aspiration fait écho aux enseignements du Cardinal Hyacinthe Thiandoum, qui a oeuvré pour un dialogue interreligieux authentique au Sénégal, tout comme de nombreux chefs religieux dans la tradition musulmane.
Dans un contexte mondial marqué par la tentation "d'élever des murs", selon les mots du Pape François cités dans le message, l'appel à la fraternité prend une dimension particulièrement importante. Au Sénégal, les visites familiales entre musulmans et chrétiens lors des fêtes religieuses illustrent concrètement cette volonté de "ne pas seulement coexister, mais vivre ensemble dans l'estime sincère et mutuelle."
Le message encourage les fidèles à devenir "des bâtisseurs de ponts plutôt que de murs, des défenseurs de la justice plutôt que de l'oppression, des protecteurs de l'environnement plutôt que des destructeurs", en s'appuyant sur les valeurs communes de justice, de compassion et de respect de la création.
"Que notre amitié soit cette ombre bienfaisante"
En conclusion, le Dicastère pour le dialogue interreligieux exprime le souhait que le Ramadan et l'Aïd al-Fitr soient des occasions de "rencontres fraternelles entre musulmans et chrétiens, où nous pourrons célébrer ensemble la bonté de Dieu."
Ces moments de partage, "simples mais profonds", sont décrits comme "des graines d'espérance qui peuvent transformer nos communautés et notre monde." Le message se termine par une image poétique qui résume l'esprit de cette démarche commune : "Que notre amitié soit cette ombre bienfaisante pour un monde assoiffé de paix et de fraternité !"
Alors que les fidèles musulmans poursuivent leur jeûne et que les chrétiens continuent leur chemin de Carême, cet appel à devenir ensemble des témoins d'espérance résonne comme une invitation à approfondir le dialogue interreligieux qui fait la richesse spirituelle de notre pays.