Alors que les inquiétudes grandissent par rapport à la situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC), des lueurs d'espoir proviennent de l'Angola. En effet, le Président de ce pays, João Lourenço, médiateur dans la crise congolaise, a annoncé, mardi 11 mars 2025, que des discussions entre le gouvernement et le mouvement politico-armé, M23, pourraient avoir lieu dans les semaines à venir.
Le chef de l'Etat angolais qui travaille à faire bouger les lignes dans ce dossier explosif, a-t-il réussi à convaincre son homologue Félix Tshisekedi de parler directement au groupe rebelle qui occupe des localités entières dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu ? On ose l'espérer, tant la position de l'exécutif congolais est très tranchée : pas question de négocier avec le M23, considéré par Kinshasa comme une organisation terroriste.
C'est une ligne rouge à ne pas franchir estime le pouvoir congolais, pour qui l'interlocuteur privilégié dans cette crise est le Rwanda, soutien attitré du M23 comme plusieurs rapports documentés de l'ONU l'ont établi. Courant février dernier, le Président Tshisekedi a réaffirmé sa position devant les députés, les sénateurs et les caciques du pouvoir. Comme il l'a d'ailleurs caricaturé, il préfère échanger avec le maitre, entendez par là le Rwanda, que l'élève, en l'occurrence le M23.
On comprend l'intransigeance de l'homme fort de Kinshasa, dont le pays est tout de même la 8e puissance militaire d'Afrique. Ni le M23 ni le Rwanda n'ont la taille de la RDC, ce géant qui en temps normal devrait leur imposer sa suprématie. Hélas ! S'il exclut tout dialogue direct avec les rebelles, Tshisekedi mise sur le tout-militaire pour reprendre la main sur le M23.
Le chef de l'Etat congolais n'a-t-il pas promis de reformer l'armée pour pouvoir apporter la riposte promise à l'ennemi, qui malheureusement ne semble pas être inquiété pour le moment. Depuis plusieurs mois, le M23 gagne du terrain dans le Nord-Est du pays et n'exclut pas de marcher sur Kinshasa. Les ambitions du groupe armé ne semblent pas avoir de limites, qu'il faille craindre pour l'avenir de la RDC.
A la vérité, le rapport de force est loin d'être favorable à l'armée congolaise sur le théâtre des combats. L'armée congolaise a du mal à contenir les rebelles, sans doute à cause des problèmes organisationnels et de corruption qui la minent. Le Président Tshisekedi s'est engagé à la reformer pour en faire une armée à la hauteur des attentes, mais dispose-t-il d'assez de temps pour le faire, vu l'urgence à stopper l'élan du M23. Ce n'est pas évident. Au regard de cette réalité, le chef de l'Etat congolais doit se résoudre à donner une chance au processus de paix, l'important étant de pacifier le pays pour le bonheur de tous.
Si le Président Tshisekedi est en droit de vouloir gagner militairement, il reste que de nombreuses vies ont été fauchées ou détruites à jamais, à cause de cette interminable guerre en RDC. Il est temps de mettre de côté les egos et d'oeuvrer à ce que la paix triomphe des démons. Du haut de sa légitimité démocratique, le président congolais est garant de la sécurité et du bien-être de ses compatriotes.
Il est responsable devant le peuple congolais, contrairement au M23, dont l'action en réalité est sous-tendue par le trafic des riches minerais de la RDC au profit d'individus véreux. Le Président Tshisekedi, qui n'a pas encore la formule militaire pour venir à bout du M23, doit aller au-delà de la frustration qui l'habite et chercher une paix durable. C'est en cela, que la possibilité d'un dialogue direct évoquée par son homologue angolais suscite de gros espoirs...