À l'heure où le pays célèbre son 57e anniversaire d'indépendance, certaines voix résonnent avec plus d'intensité que d'autres, portées par l'espoir et le réalisme. Parmi elles, celle d'Elvanee Anamalay, jeune médecin, qui livre une réflexion empreinte de lucidité et d'idéalisme sur ce que devrait représenter cette fête nationale, au-delà des drapeaux et des discours protocolaires.
«Peu importe son âge ou sa classe sociale, la fête de l'Indépendance reste un évènement historique, qui mérite d'être célébrée avec fierté et honneur. Avec chaque drapeau hissé haut, nous rendons aussi hommage aux héros méconnus, qui nous ont précédés, pour leurs sacrifices et leurs contributions dans le développement du pays.»
Mais derrière cette fierté nationale, la jeune professionnelle évoque aussi les attentes inassouvies et les frustrations croissantes. «Il faut avoir la liberté absolue pour défendre des causes justes, sans piétiner la démocratie. Je prône une modernisation sans corruption ni favoritisme.» Un message fort, teinté d'espoir mais aussi un constat amer : les inégalités sociales perdurent, nourries par des héritages sociétaux encore bien ancrés. «Bien que l'on célèbre aujourd'hui la liberté, il y a toujours des inégalités sociales, notamment en lien avec le système de castes. Plus nous sommes égaux, plus la frustration relative est forte.»
Selon elle, l'identité nationale ne s'est pas perdue mais doit être ravivée. «Il faut redonner ses lettres de noblesse au mauricianisme et allumer cette flamme dans l'âme de chacun.» Et c'est justement en les jeunes qu'Elvanee Anamalay place sa confiance. «Je rêve d'une île Maurice où les jeunes seront engagés significativement dans la société. Ils doivent s'asseoir à la table en tant que créateurs de leur propre avenir et non comme simples récepteurs des décisions des aînés.»
Un appel vibrant à l'engagement collectif et à la responsabilité citoyenne, où elle exhorte les jeunes à rejeter les fléaux modernes - violence, alcoolisme, drogue, dépression - au profit d'un humanisme renouvelé. «Il faut empêcher que ces maux prennent le dessus sur leur vie quotidienne. Travaillons tous, main dans la main, sans hypocrisie, dans nos sphères d'action respectives pour conserver notre nation arc-en-ciel.» Et de conclure avec une note d'espoir : «Que l'étincelle de cette 57e année d'Indépendance allume un feu dans nos coeurs, ravivant une passion pour le progrès, la justice et la paix.»