Alors que l'année 2025 s'annonce comme une année charnière pour l'économie mondiale, marquée par une résilience face aux défis persistants, les prévisions en Tunisie économiques laissent entrevoir une stabilité, portée par des secteurs clés comme l'agriculture, l'industrie, le tourisme...
L'économie tunisienne sera confrontée à des défis persistants, cette année, malgré les signes d'une timide reprise économique, indique l'agence de notation Moody's dans son rapport sur les perspectives économiques pour 2025.
Le rapport recommande, par ailleurs, la mise en oeuvre de « réformes structurelles audacieuses », notamment l'amélioration du climat des affaires par la simplification des procédures administratives, le renforcement de la lutte contre la corruption et l'amélioration de la gouvernance au niveau des institutions publiques, particulièrement celles chargées de la gestion des ressources financières de l'Etat. De plus, une réforme du système fiscal est nécessaire pour augmenter les recettes de l'Etat et soutenir des secteurs clés tels que l'agriculture, le tourisme et l'industrie, ajoute le rapport de Moody's. La Tunisie s'est assignée comme objectif d'atteindre un taux de croissance économique avoisinant 3,2 % en 2025.
Légère amélioration de la croissance du PIB
Les indicateurs économiques fournis par le Forum Ibn-Khaldoun pour le développement, dans son dernier bulletin de conjoncture, montrent que, durant l'année 2024, la croissance du PIB a connu une légère amélioration, due au bon comportement du secteur agricole alors qu'en dehors de l'agriculture la croissance continue à se situer à un niveau faible notamment pour le secteur industriel.
L'inflation, malgré une certaine détente, se situe encore à un niveau élevé et le taux de chômage augmente. La situation de la balance des paiements continue à s'améliorer malgré l'augmentation du déficit commercial, sous l'effet de la bonne tenue des recettes touristiques et des revenus du travail. Le budget de l'Etat a connu, de son côté, une détente dans la mesure où l'équilibre du Budget s'est traduit par une baisse du déficit. Les besoins de financement ont été couverts par un recours aux crédits intérieurs reflétant les difficultés de mobilisation des crédits extérieurs.
Selon les estimations des comptes nationaux trimestriels, l'économie tunisienne a enregistré une croissance de 1.4% au cours de l'année 2024. Cette croissance est due notamment à l'augmentation de la valeur ajoutée dans des secteurs tels que le secteur agricole, le secteur hébergement et restauration ainsi qu'à l'évolution modérée, voire faible, dans d'autres secteurs comme l'industrie chimique, l'industrie mécanique et électrique, la construction et le transport et entreposage. En revanche, un recul notable est observé dans beaucoup d'autres secteurs tels que l'énergie et les mines, le textile habillement et cuirs, la production d'électricité et de gaz et la production et distribution d'eau.
L'évolution de l'activité industrielle demeure préoccupante. Ainsi, la valeur ajoutée pour l'industrie a accusé une baisse de 0.9 % en glissement annuel en relation avec la contraction de l'activité du secteur manufacturier du fait de l'impact de la faiblesse de l'activité de la zone Euro sur les industries exportatrices tunisiennes, la persistance des difficultés au niveau des secteurs des hydrocarbures et des mines, phosphate et dérivés, et la poursuite de la baisse de l'activité de la construction.
Echanges commerciaux : stabilité des exportations
Pour ce qui est des échanges commerciaux, le déficit de la balance commerciale s'est aggravé sous l'effet du creusement du déficit énergétique. Les résultats des échanges commerciaux de la Tunisie avec l'extérieur durant l'année 2024 font ressortir une stabilité des exportations aux prix courants contre une hausse de 7,9 % durant l'année 2023.
Quant aux importations, elles ont enregistré une hausse de 2,3% contre une baisse de 4,4 % durant l'année 2023. Compte tenu de cette évolution, le déficit commercial augmente de 1.859 MD par rapport à celui de 2023, et le taux de couverture perd 1.8 point par rapport à l'année 2023 pour s'établir à 76,6 %.
La stabilité des exportations durant l'année 2024 résulte, en effet, de la baisse des exportations du secteur des mines, phosphates et dérivés de (-26,3 %) et celles des textiles, habillement et cuirs de (-4 %) et du secteur de l'énergie de (+0,5 %). Le secteur des industries agroalimentaire a enregistré une hausse des exportations de 14.6 % et celles de l'huile d'olive. Pour ce qui est des importations, la hausse de 2,3 % provient de l'augmentation enregistrée au niveau des importations des produits énergétiques (+9,1 %), des biens d'équipement (+5,6 %) et des biens de consommation (+6,3 %). En revanche, des baisses sont enregistrées au niveau des importations des matières premières et semi-produits (-2,6 %) et du groupe des produits alimentaires (-6,1 %).
Concernant le solde de la balance commerciale par région, le déficit provient principalement du déficit enregistre avec certains pays, tels que la Chine (- 9.071,4 MD), la Russie (-5.384,4 MD), l'Algérie (-4.357 MD), la Turquie (-2.844,3 MD), l'Inde (1.470,3 MD) et l'Ukraine (1.343,4 MD). Quant au solde de la balance commerciale des biens, il a enregistré un excédent avec d'autres pays, principalement la France (5.163,5 MD) l'Allemagne (2.362,6 MD), l'Italie (1.955,3 MD), la Libye (2.299,6 MD) et le Maroc (267,8MD).
Progression des IDE
L'augmentation enregistrée des déclarations d'investissement et la progression sensible des IDE et l'orientation des entreprises notamment étrangères vers des projets stratégiques dans les énergies renouvelables et la transition numérique (technologie avancées et intelligence artificielle) constituent des signaux d'amélioration qui augurent d'une relance de l'investissement dans le futur. Ceci nécessite le rétablissement de la confiance et la mise en oeuvre des réformes structurelles appropriées pour améliorer l'environnent des affaires.