Burkina Faso: L'utilisation des foyers améliorés, un soulagement pour des femmes déplacées internes au pays

Assise derrière son abri dans le site de déplacés interne de Boulli à Kaya, Rasmata Barry, 46 ans, sourire aux lèvres, prépare du « to », un met local burkinabè fait à base de farine de maïs ou de mil.

Elle ne cache pas la joie qu'elle éprouve de pouvoir préparer le repas de sa famille avec seulement peu de bois, devenu une denrée rare et chère. Cela est rendu possible grâce au foyer amélioré en argile qu'elle utilise depuis bientôt quatre mois.

Rasmata est originaire de Sanrgo, une commune rurale située à environ 13 km de Kaya, la capitale de la région du Centre-Nord du Burkina Faso. Elle a dû abandonner sa terre et tout ce qu'elle chérissait pour trouver refuge à Kaya, lorsque, en 2021, des individus armés ont sommé tous les habitants de quitter ledit village. « Ils nous ont donné un délai de 72 heures pour quitter notre village », raconte-t-elle.

« Nous étions obligés de partir pour sauver nos vies. Nous avons pu prendre seulement quelques affaires et avons fui vers un village voisin avant de continuer vers Kaya », précise-t-elle en ajoutant qu'ils ont malheureusement été interceptés en cours de route par un groupe d'individus armés qui les ont dépossédés de tous leurs biens.

A son arrivée à Kaya, Rasmata a été hébergée par une famille d'accueil puis, avec l'appui du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés et ses partenaires, elle a été relocalisée sur le site de déplacés internes de Boulli, où elle est mieux prise en charge et vit aujourd'hui avec ses sept enfants.

L'une des difficultés majeures auxquelles Rasmata était confrontée à Kaya était l'accès à l'énergie domestique pour la cuisson des repas. En effet, l'accès au bois de chauffe, principale source d'énergie combustible utilisée par les ménages déplacés internes, est devenu depuis quelques années l'un des plus grands défis pour les femmes déplacées internes, ainsi que pour celles des communautés hôtes dans la région du Centre-nord au Burkina Faso.

Le centre urbain de Kaya abrite à lui seul près de 25% de la population déplacée interne de la région, avec 122 570 PDI sur un total de 493 954 PDI, selon les dernières statistiques publiées par le Conseil National de Secours d'Urgence et de Réhabilitation au 31 mars 2023. Cette situation exerce une pression sur les ressources naturelles dont le bois de chauffe qui devient rare.

Par conséquent, les femmes parcourent chaque jour de grandes distances pour s'en procurer, s'exposant à des risques de violences physiques et sexuelles. « Au début, on parcourait de longs kilomètres pour aller chercher du bois. Mais, entre-temps, c'était devenu dangereux et risquant pour nous, car nous étions parfois menacées ou agressées sur le chemin », raconte Rasmata. « C'est pourquoi j'ai commencé à utiliser le peu d'argent que j'ai pour acheter du bois », justifie-t-elle l'air résignée.

Le HCR et ses partenaires ont soutenu la formation des femmes déplacées pour la production de foyers améliorés à Kaya, au Burkina Faso, afin de réduire les risques de violence auxquels elles sont exposées lorsqu'elles cherchent du bois de chauffage à une certaine distance.

© UNHCR/Moussa Bougma « Pour contribuer à réduire cette pression, nous avons mis en place des initiatives, grâce aux contributions de nos donateurs pour fournir une source d'énergie plus écologique aux femmes » explique Pélagie Coulibaly, Chargée des Violences Basées sur le Genre au Sous-Bureau terrain du HCR à Kaya.

En effet, outre la distribution des bouteilles de gaz butane, le HCR a, dans le cadre d'un projet soutenu par la Coopération Italienne en 2024, initié la fabrication, la distribution et la promotion de l'utilisation des foyers améliorés au profit des femmes déplacées internes. « Les foyers améliorés faits à base d'argile réduisent de moitié la consommation du bois de chauffe par rapport aux foyers ordinaires à trois pierres » confie Pélagie Coulibaly.

A l'instar de plusieurs autres femmes déplacées internes, Rasmata a bénéficié d'une formation en fabrication de foyers améliorés, puis en a reçu un pour sa propre utilisation. « Avant, quand j'achetais du bois de 500 F CFA, ça ne suffisait que pour deux ou trois jours. Avec ce foyer amélioré, la même quantité de bois peut suffire pour quatre à cinq jours de préparation », confie Rasmata, visiblement satisfaite et reconnaissante.

Aujourd'hui, Rasmata fait partie d'un groupe de 120 femmes formatrices en fabrication de foyers améliorés qui, avec l'appui du HCR transmettront ce savoir-faire à d'autres femmes et feront la promotion de l'utilisation des foyers améliorés par tous les ménages PDI. En plus de la production et la commercialisation de produits alimentaires à base de l'arachide, elle espère que son rôle de formatrice lui apportera un revenu supplémentaire pour mieux subvenir aux besoins de sa famille, en attendant son éventuel retour dans son village si les conditions sécuritaires s'améliorent.

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