Sénégal: Me Augustin Senghor, démissionnaire de son poste de premier vice-président - «Le problème c'est nous autres africains »

interview

Me Augustin Senghor a préféré se décharger de son poste de premier vice-président de la Confédération africaine de football (CAF). C'est la conséquence immédiate de sa défaite dans la course au conseil de la FIFA dont l'élection a eu lieu hier, mercredi 12 mars au Caire. Le président de la Fédération sénégalaise de football qui préfère rester un membre simple du comité exécutif pour les deux ans de mandat qui lui reste, a déclaré que le problème ce sont les africains eux-mêmes qui acceptent de se comporter comme des moutons de panurge.

Comment vous expliquez les résultats qui sont sortis des urnes ?

Je ne suis pas dans le secret des dieux ni dans le secret de la conscience des électeurs, mais à la compilation, les résultats sont portés sur d'autres candidats, des membres du comité exécutif. La lecture que j'en fais c'est qu'on est en démocratie, c'était des élections et j'accepte les résultats avec beaucoup de fair-play. Après, s'il y a des constats à faire, on va voir tout cela. Voyant la proclamation des résultats, on voit que c'était des votes bloqués.

On peut s'interroger parce que ce qu'elle que part aussi ce qui me tenait à coeur c'était qu'on puisse aller à des élections quoi qu'il arrive. Tous les candidats qui se sont présentés méritaient d'y aller. La deuxième chose est qu'on puisse aller à un vote et qui les suffrages exprimés soient les plus clairs. Et quand on voit les résultats on est un peu déçu parce que c'est comme si tout était déjà joué d'avance.

Qu'entendez-Vous par tout était joué d'avance ?

Quand vous voyez que sur les listes les gens sortent de manière chronologique. La grande majorité des votes sont sortis de même ordre chronologique ! Comment vous pouvez appeler ça ? Ce n'était pas un vote individuel si c'était pour un seul poste on peut comprendre, mais c'était des votes groupés. On sait que la veille les bruits ont couru et même certains candidats ont porté auprès des votants l'idée qu'il y aurait une liste établie et qui devrait s'imposer. Mais je ne veux pas porter le bouc émissaire, j'ai décidé de partir à des élections, j'ai perdu. Les gens ont fait le choix. Un choix qui me questionne et si les choses ne sont pas bien passées il faut le reconnaître et ne pas chercher la petite bête. On félicite ceux qui ont été élus et on leur souhaite bon vent.

Il me reste deux ans de mandats au sein du comité exécutif, d'ailleurs semble t-Il on a utilisé ces moyens pour convaincre les électeurs en leur disant que « si Senghor ne passe il reste membre du comité exécutif ». Mais l'un dans la l'autre, la conséquence immédiate que j'en tire dans cette situation je me vois mal continuer comme premier vice-president parce qu'il y a une logique et une cohérence dans tout et moi je veux cohérent. Je suis premier vice-président et des membres simples ont été élus, donc est-ce que je suis légitime pour pouvoir les diriger ?

Je pense que non ! Je vais informer le président Patrice Motspe à partir de là je deviendrais membre simple du Comité exécutif. Toutefois, je me dédierais de continuer ma mission dans ma modeste compétence pour le développement du football africain et mondial. C'est ça qui faut retenir globalement. Et si vous me permettez, je vais remercier les Sénégalais. J'ai vu comment ils se sont mobilisés derrière ma candidature. J'étais énormément surpris de cet engouement derrière cette candidature. J'ai eu même une sorte de pression parce que je me suis dit: « si je ne suis pas élu je serai déçu ».

Je remercie la presse sénégalaise et même une partie de la presse internationale qui s'est prononcée sur certaine situation et on se rend compte qu'ils (les journalistes) avaient raison quand on regarde les résultats. Tout ce qu'ils disaient (ndlr : les deals et magouilles) s'est réalisé et c'est dommage pour l'Afrique. Et encore une fois je le dis, le problème de l'Afrique c'est nous autres les africains.

Certains disent que vous n'avez pas battu campagne ?

Tu sais, qui veut tuer son chien l'accuse de rage. J'ai battu campagne comme tout le monde. Mais dans la période critique je n'ai pas voulu faire comme tout le monde. Car je me suis demandé si certaines pratiques sont conformes avec l'éthique. Si on attend la veille de l'élection pour organiser une activité, attirer les gens chez soi, je n'ai rien à dire là-dessus. Moi-même je suis allé en Mauritanie, mais je pense que dans un monde idéal ça ne devait pas se passer.

J'ai mis les moyens qui me semblaient conformes à ces élections qui étaient de faire le manifeste de ma candidature, parler de mon profil et de monde et tout ce que je représente pour le football, m'adresser directement à l'ensemble des présidents de fédérations. Tous mes collègues présidents ont reçu mon document de candidature et à chaque fois que j'en ai l'occasion j'ai parlé à tout le monde. C'est des choix qui ont été faits, on ne peut pas parler de campagne

Vos adversaires ont bénéficié du soutien de chefs d'état et/ou de leur gouvernement. Alors qu'on n'a pas senti l'apport de l'Etat du Sénégal dans ta campagne. Qu'en est-t-il ?

Je ne vais pas entrer aussi dans ce terrain. Je pense qu'aujourd'hui au même titre que j'ai remercié les sénégalais, je remercie aussi toutes les autorités sénégalaises. Au moment de déposer ma candidature j'en ai parlé au ministre des sports elle m'a donné sa bénédiction pour que je puisse y aller. Avant de venir au Caire aussi elle m'a appelé, on a échangé et m'avais promis de voir avec les autorités et de voir ce qu'elles pouvaient faire.

Maintenant, il est aussi vrai qu'on est dans un domaine qui est pratiquement diplomatique. On a pris conscience que l'Etat aurait pu servir quelque part aussi. Je reconnais que ça n'a pas été déterminant. On se connaît tous. C'est des choix qui ont été faits dans des conditions particulières. Je sais qu'il y a tellement d'urgences que moi-même je n'ai pas voulu déranger les autorités, c'est aussi simple que ça...

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