Moisson abondante pour la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) qui a effectué, la semaine dernière, une saisie record de produits alimentaires impropres à la consommation humaine.
Il s'agit de plusieurs centaines de tonnes de pâtes alimentaires (que j'affectionne particulièrement) dont la date de péremption était échue depuis septembre 2024. La valeur des produits ainsi enlevés du circuit du marché de consommation, est évaluée à 189 200 000 F CFA. Cette énième opération est la preuve de l'engagement résolu de cette structure dans sa mission de lutte contre la fraude alimentaire et la protection des consommateurs que nous sommes.
Et moi, fou, je tiens à la féliciter pour cette détermination sans faille qui, visiblement, ne donne aucun répit aux fraudeurs qui doivent avoir le sommeil trouble. En plus de me réjouir de cette saisie qui, en fait, est une véritable opération de salubrité publique, un détail non moins important a retenu mon attention. Et c'est le Coordonnateur national de la CNLF lui-même qui l'a révélé le jour de la présentation des produits saisis à la presse.
En effet, il a indiqué que cette opération a été rendue possible grâce à des dénonciations de citoyens qui ont donné de bonnes alertes aux agents de la structure. Autrement dit, ce résultat est le fruit d'une collaboration fructueuse entre des populations qui ont décidé de jouer pleinement leur rôle de veille citoyenne, et les services compétents chargés de la lutte contre la fraude.
Nos compatriotes n'ont pas suffisamment intégré cette culture de la dénonciation dans leurs habitudes
Malheureusement, il est regrettable de constater que nos compatriotes, dans leur ensemble, n'ont pas suffisamment intégré cette culture de la dénonciation dans leurs habitudes. Oui, il nous manque ce réflexe pourtant simple. Chacun préfère maugréer dans son petit coin pour protester contre la hausse du prix d'un produit de grande consommation donné, plutôt que de contacter un numéro vert pourtant mis à sa disposition pour dénoncer les fautifs. Au lieu d'agir en citoyens responsables, nous faisons le choix coupable de l'option de l'inaction.
Nous nous claquemurons dans un silence complice jusqu'à ce que le pire se produise. Et le pire est parfois arrivé. Des populations en ont même payé le prix fort. J'ai encore en mémoire les images insoutenables du violent incendie qui a réduit en cendres le marché de Sankariaré, un des plus vieux et plus grands marchés de notre capitale, en 2023.
La cause de ce sinistre, selon plusieurs versions, serait liée à des produits explosifs que des commerçants auraient entreposés dans leurs magasins sans qu'on ne daigne les dénoncer. Et ça, ce n'est qu'un exemple malheureux parmi tant d'autres. Voyez-vous ? Il faut que nous tirions leçons de notre passé douloureux.
Et cela doit commencer par la culture de la dénonciation que nous n'avons pas. Je ne demande pas de verser dans la délation. Qu'on se comprenne bien. Mais il est de notre responsabilité, en tant que citoyens, et surtout dans notre intérêt, de dénoncer toutes les pratiques qui vont à l'encontre des règles préétablies. C'est à ce prix que l'on pourrait, à défaut de mettre un terme à la fraude, la minimiser à tout le moins.