LES POINTS MARQUANTS
- En décembre 2024, le cyclone Chido a frappé les Comores, causant des destructions importantes sur les îles d'Anjouan et de Mohéli. De nombreuses maisons et cultures ont été ravagées, laissant des milliers de personnes sans abri ni nourriture, et menaçant leurs moyens de subsistance.
- En tant que membre du Programme régional pour la préparation aux situations d'urgence et un relèvement inclusif (REPAIR), un fonds régional de 926 millions de dollars mis en place par la Banque mondiale en partenariat avec African Risk Capacity Limited, les Comores ont pu bénéficier d'un soutien financier rapide. Cela leur a permis de distribuer efficacement une aide d'urgence aux familles touchées.
- Ce dispositif a prouvé son efficacité et incité les Comores ainsi que plusieurs pays d'Afrique australe et orientale à renforcer leurs investissements dans la résilience climatique. L'objectif est d'être mieux préparés financièrement et logistiquement face aux catastrophes naturelles à venir.
« De nombreuses maisons ont été gravement endommagées, certaines ont même complètement disparu, ne laissant que de la terre nue. »
Ces mots d'Ali Athoumane, chef du village de Dzuani aux Comores, résonnent avec un profond désarroi. Il a vu le cyclone Chido ravager les toits des maisons qu'il connaissait depuis toujours. Le 14 décembre 2024, après avoir frappé Mayotte, le cyclone a balayé les îles d'Anjouan et de Mohéli, provoquant inondations, glissements de terrain, et pannes d'électricité, laissant des familles sans abri.
Pour les petits agriculteurs, l'impact a été particulièrement grave : dans un pays où une grande partie de la population dépend de l'agriculture de subsistance, le passage de Chido a détruit d'importantes cultures. Des mois après la tempête, les séquelles sont toujours visibles et, avec la saison cyclonique en cours, la crainte d'une nouvelle catastrophe plane sur l'archipel.
Situées entre Madagascar et le Mozambique, au coeur de l'océan Indien, les Comores figurent parmi les pays les plus exposés aux risques climatiques. Plus de la moitié de sa population, soit 54,2 %, vit dans des zones à risque, particulièrement vulnérables aux catastrophes naturelles. Dans cette partie du globe, les cyclones, les pluies torrentielles et les sécheresses sont devenus plus fréquents et plus intenses à cause du changement climatique, causant des pertes humaines et économiques considérables, détruisant les infrastructures de base et menaçant les progrès de développement durement acquis.
Mieux se préparer pour sauver des vies
Face au cyclone Chido, les autorités comoriennes, avec l'appui de la Banque mondiale, ont rapidement mobilisé des secours d'urgence (nourriture, eau, abris temporaires et kits de première nécessité) pour venir en aide aux familles touchées. Cette réactivité a été possible grâce au système opérationnel et financier d'intervention d'urgence des Comores, conçu à partir des leçons tirées des catastrophes précédentes.
En septembre 2024, les Comores, aux côtés de Madagascar et du Mozambique, ont rejoint le Programme régional pour la préparation aux situations d'urgence et un relèvement inclusif , un fonds régional de lutte contre les risques climatiques établi dans le cadre d'un partenariat entre African Risk Capacity Limited (ARC Ltd, le pool africain de risques d'assurance) et la Banque mondiale.
Ce programme, qui bénéficie d'une enveloppe de 926 millions de dollars de l'Association internationale de développement (IDA)/de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et du Global Shield Financing Facility, soutient 12 pays africains à renforcer leur préparation financière aux catastrophes climatiques et à leur permettre d'apporter une aide rapide aux populations en détresse.
Le programme REPAIR est une initiative pionnière en Afrique, démontrant comment les pays peuvent unir leurs forces, mutualiser leurs ressources financières et leurs connaissances pour mieux faire face aux défis du changement climatique. Son objectif est clair : renforcer la résilience et protéger les populations les plus vulnérables face aux catastrophes à venir.
L'expérience récente des Comores, premier pays à avoir activé le programme REPAIR en réponse à une situation d'urgence, a mis en lumière une leçon essentielle : comment et quand l'aide parvient aux personnes dans le besoin est tout aussi important que le financement lui-même. L'expérience des Comores avec REPAIR a démontré que des réponses rapides et bien coordonnées peuvent faire toute la différence. Grâce à une bonne coordination entre les ministères, les organismes de protection civile et les communautés locales, l'aide a pu être acheminée rapidement aux familles sinistrées, aux agriculteurs et aux petites entreprises, acteurs clés du relèvement économique.
Boubacar-Sid, responsable pays de la Banque mondiale pour les Comores, a pu constater sur le terrain comment l'aide était distribuée et les défis à relever. Une certitude demeure : personne ne sait quand surviendra la prochaine catastrophe, mais une chose est sûre : être préparé sauve des vies. En travaillant main dans la main avec les pays partenaires, nous pouvons mieux protéger les populations vulnérables et assurer une reprise plus inclusive après un choc.
Construire un avenir plus résilient
Fortes de leur expérience avec REPAIR, les Comores ont décidé d'investir encore davantage dans la résilience climatique et d'améliorer leur planification d'urgence, avec l'appui des experts d'ARC Ltd. L'objectif est d'être mieux préparé avant que la prochaine catastrophe ne frappe.
En mars 2025, les Comores partageront leur expérience avec neuf autres pays africains lors d'un atelier régional en Afrique du Sud consacré au financement des risques de catastrophe. Cette rencontre sera une étape clé pour accélérer les efforts d'adaptation au changement climatique, en réunissant les pays pour discuter de stratégies pour une planète plus résiliente et plus vivable. Le chemin à parcourir est difficile, mais les mesures prises aujourd'hui façonneront l'avenir.
Pour les Comores et d'autres pays vulnérables, renforcer la résilience n'est pas une option, c'est une nécessité. Grâce à la collaboration, l'innovation et un engagement accru en faveur de la justice climatique, les pays d'Afrique peuvent s'assurer que, lorsque la prochaine catastrophe naturelle frappera, les communautés ne seront pas laissées seules pour reconstruire.
Cet article a été préparé par Boubacar-Sid Barry, Caroline Cerruti, Noro Andriamihaja et Lucas Herzog.