Congo-Kinshasa: Crise au pays - Inflation de sommets contre spirale de la violence

analyse

Les jours se suivent et se ressemblent pour les populations de l'Est de la RDC. Les rebelles de l'Alliance du fleuve Congo et du Mouvement du 23 mars (AFC /M23) continuent de faire parler la poudre, laissant sur le carreau des milliers de macchabées et faisant des millions de déplacés internes ; bref, une région totalement désorganisée, en proie à la violence dans un Etat au désarroi.

Il y a de quoi, car tandis que les rebelles progressent en direction de Kinshasa, les politiques et la communauté internationale vont de réunion en réunionite. C'est ainsi qu'après avoir fait tomber sur leur route les villes verrous de Goma, Nyabiondo et Bukavu, ils ont intensifié les combats hier jeudi pour prendre Walikalé, le dernier des centres urbains les plus importants de la région, pendant que la Communauté économique de l'Afrique australe (SADC) tenait une énième conférence, en virtuel, pour trouver des solutions à la crise.

Une conférence de plus, après celle de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), suivie de celle conjointe avec la SADC, puis de celle de l'Union africaine, sans oublier celle des Nations unies qui a pris la résolution 2773, recommandant à la RDC, aux rebelles et à leur parrain rwandais de s'inscrire dans la dynamique des processus de paix enclenchée à Luanda et à Nairobi en 2024.

C'est connu, des négociations avaient été entamées dans la capitale angolaise entre la RDC et le Rwanda sous la médiation du président Joao Lorenço, officiellement mandaté par l'Union africaine. Elles ont fait long feu quand le Rwanda a voulu qu'elles soient élargies aux dirigeants du M23, tandis que la RDC refusait catégoriquement cette proposition pour ne pas encourager des "terroristes", pantins d'un voisin belliqueux.

Quant au processus de Nairobi, il relève de l'initiative de l'EAC, qui a commis l'ancien président kényan Uhuru Kenyatta en monsieur bons offices pour rapprocher les président Félix Tsishekedi et Paul Kagame. Le premier nommé n'ira jamais au tête-à-tête prévu à Nairobi à cet effet ni même à la réunion des chefs d'Etat de l'EAC, estimant que les conditions d'un dialogue ne sont pas réunies tant qu'on ne pointera pas le Rwanda comme l'agresseur de la RDC sous le couvert des "terroristes" du M23.

Le fossé est bien béant entre Kinshasa et Kigali, tandis que les pays voisins, l'Union africaine et les Nations unies sont frileux à appeler un chat un chat dans cette crise, d'où la multiplication jusqu'à l'inflation de sommets dont les conclusions restent lettre morte face à la spirale de la violence qui ravage l'Est de la RDC.

Au demeurant, le dernier en date, la visioconférence des chefs d'Etat de la SADC, a décidé d'une révision de stratégie dans la recherche des solutions à cette crise. Elle a ainsi invité l'EAC à retirer ses troupes stationnées sans opérationnalité en RDC pendant qu'elle réfléchit à la mise en oeuvre du plan d'action soumis aux chefs d'Etat d'Afrique australe par la troïka de l'organe de sécurité de la SADC.

A cette nouvelle initiative des chefs d'Etat de la SADC, il faut ajouter celle du président angolais, médiateur attitré de l'UA, qui appelle à des négociations directes entre Kinshasa et les rebelles. Ces négociations s'ouvriraient le 18 mars prochain. Les prélats de l'Eglise catholique et les dignitaires évangéliques de la RDC saluent et appuient cette initiative de dialogue direct. Le gouvernement congolais dit étudier l'invitation lui ayant été adressée à cet effet, tout en cherchant des renforts en combattants auprès du Tchad, sans perdre de vue la proposition du président Trump qui veut troquer l'accès aux terres rares de la RDC contre la protection de l'Oncle Sam.

Quand cette inflation de sommets et d'initiatives viendra-t-elle à bout de la spirale de violences en RDC ?

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