Tunisie: Les Tunisiens ressentent les effets des changements climatiques et attribuent la responsabilité aux pays riches

Le centre de Tunis, la capitale de la Tunisie (illustration)

La majorité des citoyens disent avoir changé la source ou réduit la quantité d'eau qu'ils consomment à cause des changements des conditions météorologiques.

Key findings

  • La majorité des Tunisiens déclarent que les sécheresses (77%) et les échecs de récoltes (54%) se sont intensifiées dans leur région ces 10 dernières années.
  • Seulement environ quatre Tunisiens sur 10 (37%) disent être au courant des changements climatiques, soit une hausse de 15 points de pourcentage depuis 2022.
  • La majorité de tous les répondants soutiennent que le gouvernement investisse dans l'amélioration des infrastructures adaptées aux changements climatiques (96%), fasse davantage de pression sur les pays riches et développés pour qu'ils fournissent d'aide aux personnes touchées (85%), investisse dans les technologies éoliennes et solaires (72%), et interdise l'abattage des arbres pour le bois de chauffage ou le charbon de bois (56%).
  • Beaucoup de Tunisiens disent avoir dû adapter leur vie en réponse aux changements météorologiques. Ces changements comprennent la réduction de la consommation d'eau ou l'utilisation des sources d'eau différentes (55%), la réduction de la quantité du bétail ou la modification des habitudes de pâturage (35%), la réduction ou la reprogrammation du travail à l'extérieur (30%), l'utilisation de différentes cultures ou la consommation des aliments différents (24%) et le déménagement dans un nouvel endroit (8%).
  • Plus de sept Tunisiens sur 10 (72%) affirment que le gouvernement doit trouver de meilleurs moyens pour gérer et préserver les ressources en eau plutôt que de rationner l'offre.

Les projections climatiques et les études de vulnérabilité aux changements climatiques ont montré que la Tunisie subit déjà et subirait encore pour longtemps les effets de ce phénomène (Labiadh, 2021).

Depuis cinq ans, la Tunisie fait face à des vagues de sécheresse de plus en plus fréquentes. Cette situation a des répercussions graves sur l'agriculture. Les cycles agricoles sont perturbés, les rendements ont diminué et de nombreux propriétaires ont dû abandonner leurs terres devenues trop arides (Labreque, 2024). L'augmentation des températures et la baisse des précipitations entrainent une réduction significative des ressources en eau, affectant aussi bien les nappes phréatiques que les eaux de surface (Sghaier & Ouessar, 2013). Par ailleurs, la montée du niveau de la mer constitue une menace majeure pour les écosystèmes côtiers et les infrastructures.

Environ 16.000 hectares de terres agricoles risquent d'être submergés, ce qui représente une menace pour l'économie locale et la sécurité alimentaire (Fonds Mondial pour la Nature, 2025). La biodiversité est également touchée, avec la disparition progressive des habitats naturels, mettant en danger de nombreuses espèces et compromettant l'équilibre des écosystèmes (Kalboussi, 2018).

Ces impacts exacerbent les défis socio-économiques et poussent la Tunisie à prendre différentes mesures d'adaptation et d'atténuation des effets des changements climatiques. Signataire de l'Accord de Paris, la Tunisie s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 41% d'ici 2030 et investit activement dans le développement des énergies renouvelables (République Tunisienne, 2015 ; Protunisie, 2024). Afin de renforcer la coordination de la lutte contre les effets des changements climatiques, le pays a mis en place une unité spéciale au sein du ministère de l'environnement. Par ailleurs, un projet de résilience côtière a été lancé pour renforcer les zones côtières face aux risques climatiques (Leaders.com, 2022 ; GIZ, 2023).

Cette dépêche rend compte d'un module spécial d'enquête inclus dans le questionnaire Afrobarometer Round 10 pour explorer les expériences et les perceptions des Tunisiens sur les changements climatiques.

Selon les résultats, la majorité des Tunisiens disent que les sécheresses et les mauvaises récoltes se sont accentuées dans leur région ces 10 dernières années, mais peu disent être au courant du concept des changements climatiques.

Parmi ceux qui sont informés des changements climatiques, de larges majorités disent que l'activité humaine en est la principale ou l'une des causes, que le phénomène rend la vie pire, et que les pays développés doivent agir urgemment.

En plus, la majorité des répondants sont pour l'investissement public dans les infrastructures et énergies durables, la mise de pression supplémentaire sur les pays riches et développés afin qu'ils fournissent des ressources pour assister les personnes touchées, et l'interdiction de l'abattage des arbres pour le bois de chauffage ou le charbon de bois.

La majorité des citoyens disent avoir changé la source ou réduit la quantité d'eau qu'ils consomment à cause des changements des conditions météorologiques et veulent que le gouvernement trouve de meilleurs moyens pour gérer et préserver les ressources en eau plutôt que de rationner l'offre.

Aymen Missaoui Imen Mezlini is the Director of Studies at One to One Research and Polling

Imen Mezlini Imen Mezlini is the national investigator for Tunisia.

Youssef Meddeb Youssef is the national investigator for Tunisia and francophone national partner representative in the management team

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