Le président-directeur général de la Société Ellouhoum, Tarek Ben Jazia, a tenu à dissiper les malentendus entourant la viande importée en Tunisie. Lors de son intervention, ce jeudi 13 mars 2025 sur ls ondes d'Express Fm, il a dénoncé les "erreurs et contre-vérités" circulant à ce sujet.
Tarek Ben Jazia a précisé que la viande importée est abattue selon la méthode "halal" conforme aux rites islamiques, avec un suivi rigoureux et des certificats en attestant l'authenticité. "Il ne s'agit pas de viande congelée ou de moindre qualité, mais bien de viande fraîche répondant aux normes sanitaires et religieuses", a-t-il insisté.
Il a aussi ajouté que la viande importée est soumise à six contrôles vétérinaires et sanitaires avant d'être mise sur le marché. Ces vérifications sont effectuées dès le pays d'origine, puis à son arrivée en Tunisie par le ministère de l'Agriculture, les services municipaux et un laboratoire agréé par la Société Ellouhoum.
Des volumes d'importation en hausse pour répondre à la demande
Sur un autre plan, Ben Jazia a précisé que depuis le début de l'année, la Société Ellouhoum a initié l'importation de 2 000 tonnes de viande bovine et ovine, avec une perspective d'atteindre 5 000 tonnes sur l'année 2025.
"L'approvisionnement se fait de manière progressive avec des livraisons hebdomadaires de 20 à 40 tonnes, en fonction des besoins exprimés par les bouchers et les grandes surfaces", a-t-il expliqué, tout en ajoutant qu'avec l'augmentation de la consommation durant le mois de Ramadan, 40 tonnes de viande de veau et 40 tonnes de viande d'agneau seront importées lors de la dernière semaine du mois saint.
Par ailleurs, et afin de garantir un accès abordable à la viande, il a rappelé que le ministère du Commerce et du Développement des Exportations a fixé les prix comme suit :
Viande d'agneau : 38,200 dinars/kg
Viande bovine (filet) : 35,500 dinars/kg
Joumâna : 32 dinars/kg
Sadra : 26 dinars/kg
"Ces tarifs sont nettement inférieurs aux prix actuellement pratiqués sur le marché local", a souligné Ben Jazia.
Une alternative pour préserver le cheptel national
Contrairement aux critiques affirmant que ces importations favoriseraient les éleveurs européens, le PDG de la Société Ellouhoum a insisté sur l'impact positif pour les agriculteurs tunisiens.
"Cette initiative vise avant tout à réduire la pression sur le cheptel local, qui a chuté de 40 à 50 % ces dernières années, un recul inquiétant... L'exonération des droits de douane sur ces importations, prévue par la loi de finances 2025, est une mesure clé qui facilitera cette stratégie pour une période de trois ans, le temps de permettre une reconstitution du cheptel national", a-t-il expliqué.
Ben Jazia a également mis en avant la forte demande des consommateurs pour cette viande, notamment en raison de sa qualité, garantie par l'origine des importations : la viande bovine provient de France et la viande ovine de Roumanie.
"L'objectif à moyen terme est de préparer le marché pour l'Aïd al-Adha en assurant un approvisionnement suffisant afin de contenir la flambée des prix", a-t-il assuré.
Il espère également que les récentes pluies amélioreront les conditions de pâturage et contribueront à une baisse des coûts de production.
En ce qui concerne la flambée des prix de la viande, il a indiqué qu'il n'est pas un phénomène propre à la Tunisie. Les bouleversements climatiques, la hausse des coûts des intrants agricoles et les tensions sur les marchés internationaux impactent directement les prix à l'échelle mondiale.
Dans ce contexte, la stratégie adoptée par la Tunisie à travers ces importations vise à garantir un équilibre entre l'offre et la demande, tout en protégeant le pouvoir d'achat des citoyens et en soutenant l'élevage local sur le long terme.