Tunisie: TPE et PME Tunisiennes - Un modèle à réinventer !

13 Mars 2025

A l'ère de la révolution technologique, les Très Petites Entreprises (TPE) et les Petites et Moyennes Entreprises (PME) sont confrontées à des défis financiers majeurs. Ces entreprises représentent un pilier essentiel de l'économie tunisienne. Elles contribuent à plus de 50 % du PIB et à la création de 70 % des emplois. Cependant, leur accès au financement reste limité. Dans ce contexte, Ridha Mrabet, ex-président-directeur général d'une Sicar régionale, nous éclaire davantage sur la question.

La question du financement des Très Petites Entreprises (TPE) et les Petites et Moyennes Entreprises (PME) est plus que jamais au coeur des discussions économiques. Avec une contribution de plus de 90 % au tissu économique national, près de 50 % au PIB et 70 % de l'emploi, ces structures restent plus vulnérables aux fluctuations économiques. Aujourd'hui, le système financier montre déjà ses limites face aux exigences des Petites et Moyennes Entreprises, explique Ridha Mrabet, ex-président-directeur général d'une Sicar régionale.

L'éternel problème de financement

« Les banques orientent prioritairement leurs financements vers les grandes entreprises. De leur côté, les Sociétés d'investissement à capital risque (Sicar) et les Fonds communs de placement à risque (Fcpr) se focalisent sur des projets de restructuration, de développement ou de transmission d'entreprises, avec des tickets d'investissement souvent supérieurs à un million de dinars », mentionne-t-il.

Mrabet évoque, par ailleurs, le fait que les nouvelles créations d'entreprises, perçues comme trop risquées, peinent à attirer les investissements des acteurs traditionnels et restent souvent exclues de leurs stratégies de financement. Au-delà des difficultés d'accès au financement, les PME doivent relever de nombreux défis interdépendants. D'une part, elles doivent renforcer leur résilience face aux aléas économiques, ce qui exige une capacité d'adaptation continue aux fluctuations du marché. D'autre part, la transition vers l'industrie 4.0 et la digitalisation devient incontournable pour maintenir leur compétitivité et améliorer leur productivité.

Par ailleurs, l'adoption de standards ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) s'impose progressivement comme un critère décisif dans les relations commerciales et les levées de fonds, influençant directement leur accès aux marchés internationaux et aux financements. Ces exigences génèrent un coût supplémentaire à court terme, rendant encore plus urgente la réforme du système de financement des PME.

Un modèle à réinventer

Selon Ridha Mrabet, cette approche repose sur plusieurs mesures clés visant à renforcer les mécanismes de financement adaptés aux besoins des PME : accorder une place prépondérante aux Sicar et aux Fonds communs de placement à risques (Fcpr) pour financer les besoins variés des PME (investissement, exploitation, développement, conformités réglementaires...), élargir le champ d'intervention de ces fonds pour s'adapter aux réalités du terrain, supprimer la limitation du seuil de participation majoritaire des Sicar et Fcpr en laissant aux entrepreneurs le libre choix de leur structuration financière.

L'interlocuteur précise, par ailleurs, qu'il est nécessaire de renforcer les capacités financières des Sicar régionales afin de stimuler la création d'entreprises dans les régions intérieures et adapter les mécanismes publics de participation aux exigences du marché pour une couverture globale des besoins des PME. Face à ces enjeux, il devient impératif d'adopter un financement alternatif plus efficace, recentré sur les fonds propres et quasi-fonds propres afin d'offrir aux PME les moyens nécessaires pour se développer durablement.

Assurer la pérennité des PME

En abandonnant le modèle classique du financement bancaire rigide, inadapté aux cycles de vie des PME, et en misant sur des instruments plus flexibles en capital, les entreprises pourraient se consacrer pleinement à leur développement sans subir la pression des échéances bancaires, explique le spécialiste. Un renforcement de l'accompagnement financier et managérial s'avère nécessaire pour assurer la maturité des projets et leur pérennité. En effet, une PME ne peut atteindre sa pleine performance sans un cadre de soutien qui allie financement adapté et suivi managérial. Un accès facilité aux fonds propres et quasi-fonds propres permettrait aux entreprises d'investir sur le long terme sans la contrainte d'un remboursement immédiat. Par ailleurs, un accompagnement en gestion stratégique et opérationnelle renforcerait la capacité des dirigeants à structurer leurs activités, à optimiser leurs ressources et à anticiper les défis du marché.

Dans cette perspective, la modernisation du système de financement des PME constitue un levier essentiel pour soutenir l'innovation, moteur clé de la compétitivité, et favoriser la création d'emplois durables. Un modèle de financement plus souple et adapté renforcerait, également, la croissance économique nationale en facilitant l'émergence de nouvelles entreprises et en consolidant celles existantes. En assurant un soutien global, à la fois financier et managérial, les PME seraient mieux armées pour évoluer dans un environnement économique en perpétuelle mutation et assurer leur pérennité sur le long terme, conclut Mrabet.

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