Au Bénin, le procès Dangnivo ne livrera pas son verdict ce vendredi 14 mars comme prévu. Il prendra encore quelques jours voire quelques semaines. Après trois jours d'audience et les contradictions entre les déclarations des accusés et des témoins, le tribunal veut prendre le temps nécessaire pour faire enfin la lumière sur la disparition en 2010 du syndicaliste. Ce jeudi, les témoins se sont succédé à la barre et l'ex-chef de la sécurité de l'ancien président Boni Yayi, aux affaires pendant les faits, a clôturé les dépositions. Face à lui, un des prévenus qui a déclaré avoir été manipulé par le colonel contre de l'argent pour avouer être impliqué dans ce qui est arrivé.
Le colonel Séverin Koumasségbo, ex-chef de la sécurité présidentielle de l'ancien président Boni Yayi, a fait face à des questions soupçonneuses pendant près de trois heures. Son audition ressemblait par moment à l'interrogatoire d'un accusé.
Un des prévenus a déclaré à la barre que le colonel lui aurait donné de l'argent pour aller déposer le téléphone de Pierre Urbain Dangnivo disparu comme objet perdu dans une station de radio. Il donne des détails sur ses rencontres avec l'officier, les lieux et le contenu des échanges, les promesses... But de la manoeuvre : accepter d'être le complice du féticheur à qui on a demandé d'endosser l'assassinat du syndicaliste.
Devant le colonel, le récit du prévenu n'a pas varié. « Je n'ai rien fait dans cette histoire » se défend l'officier supérieur dont les réponses sont laborieuses.
Me Olga Anasidé, conseil de la famille Dangnivo, lui lance : « Je suis égaré quand je vous écoute colonel ! »
Me Magloire Yansunou, avocat du féticheur, enchaîne : « Je ne vous crois pas parce que vous vous contredisez ».
L'officier s'agace. À la fin de sa déposition, la cour annonce qu'elle va mener des investigations sur les déclarations des uns et des autres. Pour cela, elle a besoin de plus de temps. L'audience est renvoyée au 19 mars.