Ile Maurice: Un nouveau Parlement avec le soutien de l'Inde, mais des inquiétudes patrimoniales

L'Inde soutiendra la construction d'un nouveau Parlement à Maurice, tandis que l'association SOS Patrimoine en péril exprime ses préoccupations concernant la préservation de l'actuel bâtiment. Ce projet de nouveau Parlement figurait déjà à l'agenda de l'ancien gouvernement en 2016, avant d'être relancé dans le cadre du Public Sector Investment Programme (PSIP) 2024/25 - 2026/27.

«Nous avons décidé que l'Inde coopérerait à la construction d'un nouveau bâtiment pour le Parlement à Maurice. Ce sera un cadeau pour Maurice de la part de la Mère de la démocratie», a soutenu Narendra Modi, Premier ministre indien, lors de sa visite à Maurice pour célébrer le 57e anniversaire de l'Indépendance du pays. Cette annonce marque ainsi une étape importante dans les relations bilatérales entre l'Inde et Maurice, en symbolisant un engagement fort en faveur de la démocratisation et du renforcement des infrastructures publiques. Le soutien de l'Inde pour ce projet veut témoigner de son rôle clé en tant que «Mère de la démocratie», un titre qu'elle revendique sur la scène internationale.

Le projet de construction du nouveau Parlement nécessite cependant de suivre une procédure bien définie. Après l'annonce de l'Inde, la balle est désormais dans le camp des autorités mauriciennes, qui devront soumettre une proposition détaillant l'étendue du projet.

Collaboration approfondie

Selon les autorités indiennes, une collaboration approfondie sera mise en place pour déterminer les modalités précises du projet, notamment en ce qui concerne la conception, la consultation, le développement et la construction. «Nous déterminerons la méthode de mise en oeuvre du projet en termes de conception, de conseil, de développement, de construction, etc.», explique le ministère des Affaires étrangères de l'Inde. L'objectif est de s'assurer que cette nouvelle infrastructure parlementaire réponde aux normes modernes, tout en respectant les valeurs démocratiques partagées par les deux nations.

Cependant, l'association SOS Patrimoine en Péril, ou Save Our Heritage, bien que ne s'opposant pas en principe à la modernisation ni au développement, exprime ses inquiétudes concernant le sort qui sera réservé à l'actuel bâtiment. Selon l'association, bien que la construction d'un nouveau bâtiment pour l'Assemblée nationale ne soit pas en soi une mauvaise chose, il est crucial de préserver le patrimoine historique et culturel de l'île.

«Le bâtiment de l'Assemblée nationale est l'un des principaux symboles de notre démocratie», souligne l'association. À ce sujet, elle cite l'exemple de l'ancien bâtiment de la Cour suprême, qui a été laissé à l'abandon, ainsi que celui de La School, qui a été détruit pour faire place à une nouvelle Cour suprême. Ce projet, regrette l'association, mené sur une base de gouvernement à gouvernement, a été réalisé malgré les procédures judiciaires en cours.

Restauration

L'association déplore que le programme du gouvernement ne contienne aucune mesure en ce sens. Pire encore : rien de ce projet n'a transpiré lors des débats parlementaires ni même aucun autre projet similaire. «Nous pensons donc légitime de demander aux représentants de notre Assemblée nationale si, dans le cadre d'un projet de nouvelle Assemblée nationale, il a été prévu de restaurer (de manière professionnelle, contrairement aux travaux de piètre qualité réalisés précédemment) l'actuel bâtiment, qui a une importance historique et culturelle considérable pour Maurice», souligne l'association.

Le projet de construction d'un nouveau Parlement à Maurice ne date pas d'hier. En effet, ce projet avait déjà été inscrit à l'agenda de l'ancien gouvernement mené par le Mouvement socialiste militant en 2016 et il fait écho au projet avorté de Mauritius Heritage City, dont la conception avait été confiée à la firme dubaïote Stree Development. Ce projet, qui devait s'étendre sur 145 hectares de terrain à Highlands, incluait la construction du Parlement.

Ce projet, bien que mis de côté dans le passé, a été «ressuscité» dans le cadre du PSIP 2024/25 - 2026/27. La rationalité de la construction de ce nouveau Parlement réside dans le fait que le pays a été témoin des graves impacts du changement climatique, avec des inondations fréquentes à travers l'île. Ces phénomènes ont entraîné des conséquences désastreuses sur les infrastructures et ont également constitué de graves menaces pour la vie des habitants. Port-Louis n'a pas été épargnée. «C'est pour cette raison que le gouvernement délocalise son siège administratif à Côte-d'Or, avec la construction prévue d'une ville administrative et d'un nouveau Parlement», soutient le document.

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