Selon une équipe suisse, qui vient de conduire une étude dans plusieurs pays d'Afrique, pour lutter efficacement contre les déficits nutritionnels, il faut construire des routes. Explications.
Il s'agit d'une étude parue dans Nature Food. Celle-ci va à l'encontre de ce qui est habituellement préconisé pour lutter contre la malnutrition, dont souffrent deux milliards de personnes à travers le monde. Jusqu'à présent, on encourageait les petits fermiers à diversifier leur production, en cultivant plusieurs variétés de légumes et de céréales et en élevant des animaux de différentes espèces. Une équipe du Centre de recherche pour le développement (ZEF) de l'université de Bonn en Allemagne montre que, en fait, ce sont les routes qui assurent un état nutritionnel satisfaisant aux populations.
Accès facilité aux marchés des villages et des villes
Matin Qaim, le patron du ZEF, le Center for Development Research, résume la conclusion de cette étude menée auprès de 90 000 foyers (Éthiopie, Malawi, Niger, Nigeria, Tanzanie, Ouganda) : « Nous observons que la diversité de la production au niveau régional compte davantage que la diversité de la production à l'échelle individuelle. [...] Nous montrons aussi que l'accès aux marchés, grâce à l'amélioration des infrastructures, compte beaucoup ».
Promouvoir des cultures variées au sein d'une même exploitation familiale revient à favoriser l'agriculture de subsistance, laquelle agriculture n'est finalement pas idéale pour fournir les apports nutritionnels recommandés, ont découvert les chercheurs. La « construction de routes facilitant l'accès aux marchés alimentaires des villages et des villes des alentours permet de lutter plus efficacement contre les déficits nutritionnels », souligne l'étude.
Matin Qaim préconisent que les fermiers plantent en priorité les semences les plus adaptées à leur région, notamment aux sols, ce qui « optimiserait à la fois la productivité et la rentabilité ». Le résultat de cette étude satisfait Matin Qaim car, d'après lui, « il est plus simple de faire en sorte qu'il y ait de nouvelles productions végétales ou animales dans une région donnée (qui seront ensuite distribuées sur les marchés locaux) que de pousser chaque petite ferme à produire de plus en plus d'espèces ».