En Éthiopie, dans la région du Tigré, la crainte d'un nouveau conflit est dans toutes les têtes, deux ans et demi seulement après la fin d'une des guerres les plus meurtrières de ces dernières décennies. La population se masse devant les banques et achète des stocks de nourriture. Le TPLF, le front de libération du peuple du Tigré, qui gouverne la région, est en proie à de fortes tensions internes.
Les tensions au sein du TPLF ont lieu entre le numéro 1 Debretsion Gebremichael et un haut cadre du parti Getachew Reda, placé à la tête d'une administration intérimaire par les autorités fédérales. L'opposition entre les deux hommes ne cesse s'accentuer.
Ce vendredi, les hommes de Debretsion Gebremichael ont pris le contrôle de la mairie de la capitale, Mékélé. Ces derniers ont réinstallé dans son siège l'ancien édile. « Normalement, le conseil municipal élit un maire, mais le précédent avait été limogé par Getachew, ce qui est illégal », a expliqué à l'AFP Wondimu Asamnew, un proche du numéro 1 du TPLF. Une nouvelle étape de la montée en tensions entre les deux factions. Mardi, l'administration intérimaire du Tigré avait annoncé le renvoi de trois hauts gradés des Forces de défense du Tigré, proches de Debretsion Gebremichael.
Dans la foulée, des hommes armés fidèles à ce dernier s'emparaient de la mairie d'Adigrat, la deuxième ville de la région, après avoir évincé le maire nommé par l'administration intérimaire. Cette administration, dirigée par Getachew Reda, est, ces derniers mois, pointée du doigt, notamment en raison du retard pris dans la mise en oeuvre de certains points de l'accord de paix. Ces regains de tensions font craindre la résurgence de violences dans une région meurtrie par deux ans et demi de guerre et la mort d'au moins 600 000 personnes.