Tunisie: Spoliation de l'Université Ez-zitouna - Un drame silencieux pour le pays et le monde musulman

15 Mars 2025

L'Université Ez-zitouna, figure emblématique du savoir islamique en Tunisie, fait face à une menace silencieuse et insidieuse depuis la révolution de 2011. Des objets de valeur inestimable, tels que des lustres anciens, des manuscrits rares, et du mobilier religieux, ont disparu sans laisser de trace. Cette spoliation, qui a débuté dans le tumulte de la révolution, n'a été signalée par aucune autorité compétente, témoignant ainsi d'une indifférence alarmante envers l'héritage de cette institution.

Aujourd'hui, l'importance historique de l'Université Ez-zitouna, fondée il y a plus de treize siècles, n'est plus à démontrer. Elle a façonné des générations de penseurs, de théologiens et d'érudits, et son héritage intellectuel et spirituel est d'une richesse inégalée. Mais, malgré sa notoriété, cette institution est aujourd'hui menacée par un abandon systématique qui semble traduire une crise profonde dans la gestion du patrimoine culturel national.

L'appel lancé aux autorités est sans équivoque : comment une institution de cette envergure, symbole de l'identité tunisienne et du monde musulman, peut-elle être ainsi dépouillée de ses trésors ?

Certains plaident pour l'installation de caméras de sécurité et la mise en place d'un inventaire rigoureux des biens restants, mais ces solutions apparaissent dérisoires face à l'ampleur du problème. Elles semblent insuffisantes, lorsqu'on mesure la perte irréparable que représente la disparition de certains biens irremplaçables.

L'économiste Mourad Hattab a évoqué cette situation. « Ce n'est pas simplement une question de protéger un bâtiment ou de surveiller des artifices. Nous devons repenser la place de Ez-zitouna dans la Tunisie d'aujourd'hui. Si nous laissons cette institution disparaître, ce sera un échec non seulement pour le pays, mais pour l'ensemble du monde arabe et musulman... Ez-zitouna incarne l'âme de notre patrimoine intellectuel et spirituel », a-t-il souligné, dans une récente déclaration accordée à Express Fm.

Le déclin de l'Université Ez-zitouna ne reflète-t-il pas, en effet, une crise plus large de la gestion du patrimoine national ? La perte de cet héritage ne serait pas simplement un préjudice pour la Tunisie, mais un coup dur porté à l'ensemble de la civilisation islamique. Il est, ainsi, urgent de repenser les politiques de préservation du patrimoine et d'engager un véritable effort national pour éviter que cette institution historique ne se perde dans l'indifférence générale.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.