Tunisie: Ce que la baisse des prix du pétrole signifie pour le budget de l'État tunisien en 2025

15 Mars 2025

Le professeur Ridha Chkoundali, spécialiste en sciences économiques, a récemment partagé sur sa page officielle Facebook une analyse détaillée sur les effets de la baisse des prix du pétrole sur le budget de l'État tunisien pour l'année 2025. Selon lui, cette fluctuation pourrait avoir des répercussions importantes sur l'économie du pays, offrant un certain soulagement en ces temps difficiles.

Une révision des hypothèses budgétaires pour 2025

Chkoundali a indiqué que le budget de l'État tunisien pour 2025 avait été initialement préparé sur la base d'une hypothèse d'un prix du baril de pétrole brut Brent à 77,4 dollars. Cependant, avec les récentes fluctuations des prix et le prix actuel du Brent qui s'est stabilisé autour de 70,34 dollars, cette baisse pourrait offrir des opportunités significatives pour la Tunisie.

Si cette tendance se maintient, le budget de l'État pourrait bénéficier d'un excédent de près d'un milliard de dinars, soit environ 980 millions de dinars. Cela représente un apport considérable et, selon Chkoundali, pourrait être perçu comme un "financement gratuit" pour l'État tunisien. Cet excédent pourrait compenser le manque de financements extérieurs, un élément crucial étant donné la mauvaise note de crédit de la Tunisie, qui l'empêche d'accéder aux marchés financiers internationaux.

L'expert souligne également que la stabilité des prix du pétrole contribuerait à maintenir les prix de l'énergie au niveau national, favorisant ainsi la stabilité des prix et la poursuite de la baisse de l'inflation. Cela pourrait offrir au gouvernement et à la Banque centrale tunisienne une marge de manoeuvre pour réduire les taux d'intérêt, encourageant ainsi les investissements et la croissance économique.

Une autre conséquence positive de cette baisse des prix mondiaux du pétrole serait la préservation des réserves de devises étrangères, permettant ainsi au dinar tunisien de se stabiliser par rapport aux autres devises. Cela offrirait également un répit à la Banque centrale pour honorer les dettes extérieures du pays.

Les incertitudes économiques mondiales

Cependant, Ridha Chkoundali prévient que plusieurs facteurs géopolitiques et économiques mondiaux peuvent influencer l'évolution des prix du pétrole, rendant leur prévision difficile. Il cite notamment les tensions géopolitiques, les sanctions imposées à des pays producteurs de pétrole comme l'Iran et la Russie, ainsi que les politiques de production de l'OPEP+ qui peuvent affecter l'offre et la demande sur le marché mondial. En outre, la reprise économique de la Chine, de l'Inde et des pays développés pourrait entraîner une hausse de la demande de pétrole, faisant monter les prix à long terme.

Il a, également, souligné que l'augmentation de l'utilisation des énergies renouvelables et l'essor du pétrole de schiste aux États-Unis pourraient également contribuer à une baisse des prix mondiaux du pétrole, mais ces évolutions resteront dépendantes des décisions politiques et économiques internationales. La situation reste donc incertaine et nécessite une vigilance constante.

Les hypothèses économiques sous-jacentes au budget 2025

Outre l'hypothèse du prix du pétrole, Ridha Chkoundali rappelle que d'autres facteurs devront être pris en compte pour assurer la réussite du budget 2025, notamment : un taux de croissance de 3,2 %, la stabilité du taux de change du dinar tunisien par rapport aux monnaies principales, un accroissement des importations de biens de 4,2 % et la stabilité des prix des produits alimentaires de base sur les marchés mondiaux.

Pour conclure, Ridha Chkoundali a souligné que bien que des incertitudes demeurent quant à l'évolution des prix du pétrole, cette baisse pourrait offrir un souffle d'air frais au pays, en contribuant à la stabilité économique, à la réduction de l'inflation et à l'amélioration de la situation budgétaire. Cependant, la prudence reste de mise face aux aléas économiques mondiaux.

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