Le 8 mars 2025, le couple présidentiel malgache organisait dans la ville côtière de Majunga, la cérémonie officielle de la journée des droits des femmes. Mais à l'issue du déjeuner de fin de célébration qui réunissait membres du gouvernement, représentants du secteur privé et de la société civile, une cinquantaine de personnes sont tombées malades, dont le chef de l'État et son épouse. Le 12 mars, l'hôtel qui abritait la réception a été prié de cesser toute activité de restauration sur décision du ministère du Tourisme. La décision a provoqué un tollé.
Andry Rajoelina a d'abord révélé publiquement ce lundi 10 mars se remettre des suites d'une intoxication alimentaire. 48 heures plus tard, le couperet tombe pour l'hôtel Coco Beach, lieu de l'incident et établissement de référence à Majunga, sommé par le gouvernement de fermer sur le champ son restaurant.
Le député Christian Afakandro, élu d'opposition de cette ville côtière, pointe une décision abusive et partiale. La commune se souvient en effet d'un autre scandale sanitaire de grande ampleur. Fin 2023, les autorités locales découvrent que de hauts responsables de la région ont autorisé l'introduction de plusieurs tonnes de riz avarié reconditionné en farine sur le marché local. Aucune condamnation connue n'a été prononcée à leur encontre. « Il y a un deux poids deux mesures dans cette décision. Les intoxications alimentaires sont fréquentes à Majunga car il fait très chaud. Donc il faut qu'il y ait une tolérance, peut-être un avertissement, mais la fermeture, nous trouvons que c'est trop ! »
En ligne, les uns s'insurgent, les autres relativisent un incident jugé banal pour une population confrontée aux difficultés de conservation des aliments liées aux délestages en série. La sénatrice du pouvoir Lalatiana Rakotondrazafy, elle-même présente et victime lors du déjeuner du 8 mars, défend une mesure de santé publique. « Il y a quand même eu plusieurs dizaines de personnes intoxiquées donc je ne comprends vraiment pas en quoi il s'agirait d'un abus de pouvoir. Il s'agit d'une mesure parfaitement normale dans des cas pareils. C'est de ne pas la prendre qui aurait été scandaleux. »
La sanction est vécue comme un coup dur à Majunga, ville prisée des touristes nationaux, dont l'économie dépend de toute la chaîne de valeur de l'hôtellerie et de la restauration.