Selon l'agence Associated Press, Washington et Jérusalem ont approché des responsables du Soudan, de la Somalie et du Somaliland pour envisager ces territoires comme destination d'exil pour les Palestiniens de Gaza. Une proposition rejetée par Khartoum et la Somalie, tandis que Hargeisa assure n'avoir reçu aucun contact officiel. Un projet qui soulève de graves questions juridiques et morales, mais pas seulement.
Selon l'agence Associated Press, qui cite des responsables américains et israéliens, l'administration Trump et Israël ont contacté des responsables de trois pays de la corne de l'Afrique dans le but d'y transférer les habitants palestiniens de la bande de Gaza.
Des responsables du Soudan, de la Somalie et de la région sécessionniste du Somaliland ont été sondés sur la faisabilité de cette idée, précise l'agence. Des dirigeants soudanais ont déclaré à AP qu'ils avaient rejeté cette proposition américaine. La Somalie rejette pour sa part toute idée de déportation des Palestiniens, et selon l'agence Reuters, le Somaliland nie tout contact avec Washington à ce sujet.
Sollicités par l'agence Reuters pour confirmation, ni la Maison blanche et le Département d'État américain, n'ont répondu.
L'expulsion des Palestiniens vers l'Afrique répondrait à la volonté affichée par le président américain Donald Trump de prendre le contrôle de la bande de Gaza pour la transformer en « Riviera du Moyen-Orient ». Les dirigeants des pays de la Ligue arabe, catégoriquement, opposés à cette idée, ont adopté au début du mois à l'initiative de l'Égypte un plan de 53 milliards de dollars prévoyant la reconstruction de Gaza sans en déplacer les habitants.
« C'est totalement délirant ! »
Outre des questions de droit, ce projet témoigne de la méconnaissance du terrain en Afrique et du mépris de Washington à l'égard du continent, souligne Jean-Pierre Olivier de Sardan, directeur de recherche émérite au CNRS, joint par Christina Okello, de la rédaction Afrique de RFI. « C'est totalement délirant ! Le premier truc, c'est d'un mépris total d'abord pour les lois internationales. C'est une déportation dans des conditions absolument abominables de la partie du peuple palestinien qui est à Gaza. Et puis en plus, les trois pays qu'ils ont choisis, c'est absolument ahurissant : le Soudan est dans une guerre interne absolument abominable, actuellement c'est un champ de bombe... Les Gazaouis - on se demande si c'est même pas ça - sont habitués à être bombardés et massacrés, quand ils iront au Soudan, ça ne changera pas... La Somalie ne va pas beaucoup mieux, il y a aussi une guerre interne. Et puis Somaliland, c'est un tout petit pays qui n'est reconnu quasiment par personne, qui est donc extrêmement fragile et à qui on pense qu'il suffira de luoi promettre je ne sais pour qu'il accepte ça. Je pense que ça participe d'un mépris de l'Afrique. De toute façon, c'est totalement invraisemblable, ça n'a aucune chance de marcher. C'est un élément de plus pour (témoigner) du délire sanguinaire de ces dirigeants ».