Ile Maurice: «C'est une décoration pour toute la classe journalistique»

interview

Un journaliste décoré par le gouvernement ! Comment accueillez-vous cette décoration ?

Avec beaucoup d'humilité et de fierté pour ma famille et mes proches mais aussi toute la classe journalistique de la presse écrite et parlée. Particulièrement ceux et celles qui portent très haut le flambeau de cette profession noble à la recherche de la vérité pour mieux éclairer la population. Cette décoration, c'est aussi une reconnaissance de mon combat de toujours pour le mauricianisme, l'unité nationale, la justice sociale et la lutte contre l'exclusion.

Quelle est la base de votre sacre ?

Il y a une multitude de choses qui sont à la base de ce sacre. Notamment la chance d'avoir fait mes armes au sein de l'express sous Yvan Martial et Jean Claude de l'Estrac, un journal qui a été lancé en faveur de l'indépendance du pays, dont le père fondateur est le Dr Philippe Forget. Saluons aussi mes oncles Benjamin et Camille Moutou, de fins intellectuels qui m'ont gavé d'une riche culture philosophique, politique, littéraire et d'histoire des civilisations.

Surtout mon oncle Camille qui me réveillait presque qu'avant le lever du soleil pour aller acheter dans la boutique du coin les quotidiens du matin, dont l'express. J'avais 15 ans et je me délectais des journaux. Vivre sans lire un journal, c'est impossible dans notre famille même aujourd'hui. De mon défunt père Joseph, policier qui nous a toujours martelé que la discipline et l'honnêté sont des vertus, un passeport pour l'avenir. Quand j'ai quitté la presse écrite, il y a presque 15 ans maintenant, il faut aussi reconnaître que les radios privées ont été une formidable plateforme pour moi afin de m'exprimer dans des débats et analyses parfois contradictoires sur la société mauricienne et la politique dans tous ses états.

N'avez-vous jamais envisagé un job d'attaché de presse ?

Je ne me suis jamais vu exercer dans un bureau comme un fonctionnaire type. Je suis un homme atypique, un électron libre. J'aime ce contact avec les gens, la masse. Respirer l'air de la liberté dans le sens où on est maître de l'horloge. Pas un prisonnier du temps. M'asseoir de 9 heures à 18 heures et même plus, bien calé dans un bureau avec la clim : non merci (...) Projeter l'image du ministre : je n'ai pas cette compétence. Bravo à ceux et celles qui le font et qui croient dans cette formule. Moi pas !

Auriez-vous pu être décoré par l'ancien régime ?

Très bonne question bien aiguisée. Je vous répondrai par ceci. Je suis un homme de gauche, pas de la gauche caviar. J'aime la démocratie, pas l'autocratie. La transparence, pas l'opacité. Le respect de nos institutions, la séparation des pouvoirs. La justice sociale et les droits de l'homme. La lutte contre l'exclusion, la liberté de la presse et des journalistes libres de s'exprimer comme dans les pays scandinaves sans se faire inquiéter par la police. Être pétri d'honnêteté. Et un marginal. Je ne crois pas que j'étais qualifié pour être décoré par l'ancien régime. Il a dû me manquer autre chose qui n'a pas attiré l'attention de l'ancien régime du haut de mes 30 ans de journalisme dans la presse écrite. C'est la vie que voulez-vous. Le but de la vie c'est de mourir en restant vivant, disait Albert Camus. Nos écrits ne mourront jamais.

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