Ile Maurice: Un jeune de 18 ans mène la grande vie grâce à des escroqueries

Derrière les paillettes d'une vie luxueuse, se cachait une redoutable machination orchestrée par un jeune homme à peine majeur. Adarsh Torul, 18 ans, a été arrêté après un patient travail d'enquête mené par le constable Ruttun de la Criminal Investigation Division (CID) de Rose-Belle. Présenté en cour de Grand-Port vendredi, il a été reconduit en cellule après que la police a objecté à sa remise en liberté.

L'adolescent est soupçonné d'être l'auteur principal d'une série d'arnaques sur les réseaux sociaux, notamment Instagram et TikTok, lui ayant rapporté plusieurs millions de roupies. Ce coup de filet met en lumière les dérives toujours plus sophistiquées des escroqueries en ligne, et rappelle l'importance de la vigilance sur les réseaux sociaux. Derrière des offres trop belles pour être vraies... se cachent parfois des arnaqueurs au visage juvénile, mais au système bien huilé.

Une partie des voitures achetées avec l'argent des escroqueries.

Avec l'argent extorqué, le jeune homme n'a pas hésité à s'offrir une villa luxueuse à Poudre-d 'Or et qu'il paie pour la somme d'environ Rs 50 000 mensuellement. Où il s'était installé avec sa fiancée de 22 ans, elle aussi interpellée dans le cadre de cette enquête. Il roulait carrosse : Jaguar, Audi, trois BMW et même deux puissantes Kawasaki 1000cc figuraient dans sa collection.

Mais le stratagème allait bien au-delà de simples publications d'offres alléchantes sur les réseaux. Pour asseoir la crédibilité de ses fausses boutiques en ligne, notamment le «Mega Apple Store.mu», Adarsh Torul allait jusqu'à créer de faux profils d'acheteurs enthousiastes, qui vantaient la qualité des produits et le sérieux du vendeur. Il employait également des comparses pour «booster» ses publications, les rendre virales et attirer davantage de victimes. Son apparente légitimité était soigneusement construite... et redoutablement efficace.

L'affaire a éclaté le mois dernier à la suite de la plainte d'une jeune femme de New-Grove. Séduite par une offre irrésistible d'iPhone à prix cassé sur Instagram, elle a contacté le vendeur, qui s'est présenté comme un Réunionnais basé sur l'île soeur. Il lui a demandé un acompte de Rs 10 000 via l'application Juice de la MCB, lui promettant de payer le reste à la livraison. Sauf que l'argent n'a jamais été destiné à un vendeur... mais a atterri sur le compte bancaire d'une étudiante de 22 ans habitant Grand-Gaube.

C'est cette jeune fille qui a été arrêtée en premier. Lors de son interrogatoire, elle a affirmé avoir simplement répondu à une offre d'emploi publiée sur les réseaux sociaux. Recrutée comme «agente», son rôle se limitait -- selon elle -- à recevoir des fonds sur son compte et à les transférer ailleurs. Elle a avoué avoir transmis ses coordonnées bancaires et personnelles à Adarsh Torul, sans jamais le rencontrer en personne.

Deux autres jeunes, un adolescent de 17 ans du Nord et un habitant de Péreybère, ont été appréhendés. Leur récit est identique : ils étaient chargés de rediriger les fonds reçus vers d'autres comptes. Ils affirment ne pas connaître leur recruteur, ni l'ampleur réelle de la fraude.

C'est grâce aux recoupements effectués à partir de ces interpellations que les enquêteurs ont pu remonter jusqu'au cerveau de l'opération. Adarsh Torul, fiché par la police dans des affaires de drogue, menait une existence flamboyante... jusqu'à ce que tout s'effondre. Lors de ses premières auditions, il s'est montré peu coopératif. Mais les limiers ont fini par obtenir ses aveux.

Adarsh Torul a été arrêté et est passé aux aveux.

L'adolescent affirme avoir lui-même été victime d'une arnaque trois ans plus tôt, alors qu'il était encore collégien. Il s'était rendu au poste de police de Grand-Baie pour porter plainte. Là, les policiers lui avaient expliqué que pour remonter jusqu'à l'arnaqueur, il fallait un «Judge's Order» qui prendra des années. Une procédure judiciaire complexe et longue. Découragé, mais aussi intrigué par le fonctionnement de cette procédure, le jeune homme aurait alors eu une idée perverse : «Puisque la justice est si lente à coincer les arnaqueurs... pourquoi ne pas en devenir un moi-même ?» Un virage inquiétant qui allait le mener à bâtir un réseau bien structuré.

Il créait des pages de vente attrayantes, recrutait des jeunes pour servir d'intermédiaires, recevait les fonds via des transferts bancaires, et utilisait le système de retrait sans carte (cardless) pour retirer rapidement l'argent. Il promettait aux victimes une livraison par courrier depuis La Réunion, puis demandait des paiements supplémentaires pour les frais de douane ou de transport, prolongeant l'illusion avant que ses cibles ne réalisent qu'elles avaient été dupées.

Il confie qu'il pouvait facilement engranger plus de Rs 200 000 lors d'un mois creux... et a finalement empoché plus de Rs 5 millions au total. Certaines banques, flairant des transactions suspectes, avaient même commencé à geler les comptes de ses prétendus «agents».

L'enquête se poursuit. D'autres victimes commencent à émerger, et les véhicules acquis frauduleusement ont été saisis.

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