Bien que la dette publique de Madagascar soit en augmentation, le gouvernement affirme qu'elle demeure sous contrôle grâce à une gestion prudente et à un recours privilégié aux financements concessionnels.
Maintenir la soutenabilité de la dette tout en assurant le financement du développement », tel est l'engagement réaffirmé par Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, ministre de l'Économie et des Finances, lors de son intervention à la 14e Conférence sur la gestion de la dette, organisée par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les 18 et 19 mars 2025 à Genève. Selon la ministre, bien que la dette publique ait progressé ces dernières années, elle reste maîtrisée grâce à des mécanismes de gestion efficaces et à un recours majoritaire aux financements concessionnels.
La participation de Madagascar à cet événement revêt une importance stratégique. Le pays bénéficie en effet d'une assistance technique de la part des Nations unies pour la gestion de sa dette publique. Parmi les réformes mises en place, la ministre cite notamment l'automatisation de la gestion de la dette et la refonte du cadre réglementaire, qui, selon elle, fonctionne aujourd'hui « de manière satisfaisante ».
Un défi majeur réside dans la perception de l'endettement par la population. « La dette est encore largement perçue comme un fardeau pour les générations futures », reconnaît la ministre, alors qu'elle constitue en réalité « un instrument de développement et de financement utilisé par tous les pays du monde ». Elle rappelle que la dette mondiale atteint aujourd'hui 90 000 milliards de dollars, démontrant que l'endettement est un levier de croissance incontournable.
Soutenable
Actuellement, la dette publique de Madagascar représente 57,4 % du PIB, un niveau qualifié de « soutenable » par la communauté internationale, selon Aivo Andrianarivelo, gouverneur de la Banque centrale de Madagascar. Toutefois, certaines vulnérabilités demeurent. L'une d'elles est le risque de change : « 42 % de notre dette extérieure est libellée en dollars et 27 % en euros », explique la ministre, exposant ainsi le pays aux fluctuations monétaires.
Un autre défi réside dans la nécessité d'un refinancement régulier : « Les maturités de notre dette intérieure nécessitent un refinancement constant », souligne-t-elle. Malgré ces risques, Madagascar réaffirme sa volonté de maintenir une gestion prudente de sa dette afin d'en garantir la viabilité à long terme.
Le gouverneur de la Banque centrale de Madagascar insiste sur un point : « Aucun pays ne peut se développer sans sources de financement. » Selon lui, l'enjeu n'est pas d'éviter l'endettement, mais d'assurer que les emprunts servent à financer des investissements productifs. Il distingue deux types de financement.
D'une part, les financements générateurs de croissance, qui permettent de dynamiser l'économie, d'investir dans des infrastructures, de soutenir l'innovation et de créer de la valeur ajoutée. D'autre part, les financements orientés vers la consommation, qui facilitent l'accès aux biens et services mais n'ont pas d'impact économique durable.
L'objectif, selon lui, est donc de maximiser les investissements productifs et de renforcer les partenariats public-privé (PPP) afin d'attirer des capitaux privés dans des projets structurants. « Une fois la dette remboursée, le pays peut pleinement bénéficier des infrastructures mises en place», souligne-t-il.
La Banque centrale joue également un rôle clé dans la supervision de la dette publique et la recherche de solutions de financement durables. Son objectif est clair : s'assurer que la dette contribue directement à la croissance du PIB afin qu'elle reste soutenable malgré son augmentation.
« Le principal enjeu n'est pas la dette en soi, mais son utilisation », résume un économiste. Un endettement bien orienté vers des investissements productifs peut avoir un effet positif sur l'économie, tandis qu'une dette utilisée à des fins de consommation peut devenir un fardeau.
Toutefois, il met en garde contre les risques liés à une dépréciation de la monnaie nationale, qui pourrait renchérir le coût du remboursement de la dette extérieure. « Même si la dette malgache a doublé en dix ans, elle reste à un niveau soutenable. » Pourtant, l'exemple de certains pays montre que l'accumulation incontrôlée de la dette peut entraîner des crises financières.
Madagascar mise donc sur une gestion rigoureuse et un ciblage précis des investissements pour garantir une dette au service de son développement.