Les habitants rencontrés par la DW dans l'est de la RDC fondaient beaucoup d'espoir sur le dialogue prévu ce mardi mais désormais incertain entre Kinshasa et le M23.
Dans l'est de la République démocratique du Congo, les habitants, lassés par les combats, sont favorables au dialogue qui avait été annoncé pour ce mardi (18.03) entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23. Celle-ci aurait toutefois annulé sa présence à la dernière minute ce lundi soir (17.03). Le gouvernement congolais a annoncé maintenir l'envoi de sa délégation à Luanda.
Les personnes rencontrées par la DW ont ainsi été interrogées avant l'annonce de la non présence du M23
Marie-Jeanne Kanyere, une habitante de Luofu, une localité du sud de Lubero, dans le Nord-Kivu, passée sous contrôle du M23 en juin 2024, a perdu sa maison, détruite par un obus au cours de combats.
Relancer l'économie dans l'est de la RDC
Depuis lors, Marie-Jeanne Kanyere vit dans une famille d'accueil, à 20 kilomètres de son village. Marie-Jeanne attend beaucoup de ces assises de Luanda pour pouvoir rentrer chez elle et reconstruire sa maison.
"Cette guerre a trop duré et nous avons enduré trop de souffrances, dit-elle. On a connu des guerres dans le passé, mais celle-ci a trop duré. Nous avons tout abandonné, nos maisons ont été détruites, de nombreuses personnes ont fui en brousse sans nourriture, sans médicaments. S'il vous plaît, discutez, dialoguez. Nous sommes les enfants d'un même père, tous créés à l'image de Dieu. Parlez un même langage et sortez-nous de cette souffrance."
Un autre habitant de Kiwanja, en territoire de Rutshuru, souhaite aussi qu'une solution durable à ce conflit dans l'est de la RDC soit trouvée par le dialogue. Il attend impatiemment les conclusions qui en sortiront et espère avoir de nouveau accès à ses économies, bloquées en banque depuis la prise de Kiwanja par la rébellion, en octobre 2022.
Il rappelle que "les banques sont bloquées. Peut-être qu'à partir de ces négociations, les banques pourront rouvrir leurs portes et d'autres activités seront relancées. Pour le moment, nous attendons qu'ils trouvent des solutions pour une paix durable".
Le dialogue entre Kisnhasa et le M23 arrive tard
De son côté, Promesse Matofali, ancien député provincial du Nord-Kivu, accuse Kinshasa d'avoir négligé la question du M23.
Pour l'ancien député "décision de négociation directe arrive un peu tard, après des pertes en vies humaines, après des pertes économiques. En 2022, j'avais déjà demandé au gouvernement de Kinshasa de négocier directement avec le M23. Ils étaient alors encore à Bunagana, mais après les pertes de Goma, de Bukavu, de Kirumba, de Kanyabayonga, c'est maintenant que le gouvernement se dit favorable aux négociations directes avec le M23".
Les négociations directes entre les rebelles de la coalition AFC-M23 et le gouvernement congolais doivent se dérouler en Angola. Jusqu'à l'annonce de ce dialogue par la présidence angolaise, le président Félix Tshisekedi avait toujours écarté la possibilité de négocier directement avec la rébellion du M23 qu'il considère comme un groupe terroriste soutenu par le Rwanda.