Tunisie: Baisse significative des prix du pétrole - Une aubaine pour le pays

17 Mars 2025

«Si le prix mondial actuel du pétrole se maintient jusqu'à la fin de cette année, le budget de l'Etat bénéficiera de 980 millions de dinars, soit près d'un milliard de dinars, ce qui est un chiffre très significatif», a fait savoir le professeur universitaire Ridha Chkoundali, dans un récent post sur sa page Facebook. Il explique que cette somme serait une injection gratuite supplémentaire dans le budget de l'Etat.

Au milieu de la semaine dernière, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a annoncé une baisse significative des prix du pétrole en février. Selon la même source et dans un rapport mensuel publié par cette dernière, le panier moyen de l'Opep a chuté de 3,2 % pour atteindre 76,81 dollars le baril.

L'organisation a également révélé que les contrats à terme sur le brut « Brent » ont également baissé de 4,3 % à 74,95 dollars, et que le brut « West Texas Intermediate » (WTI) a perdu 5,2 % à 71,21 dollars. Le rapport a indiqué que les ventes des « hedge funds » mondiaux ont accéléré la baisse des prix.

Une augmentation de la production n'est pas à exclure !

Il est à rappeler, par ailleurs, que, depuis décembre dernier, l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) a prévu une augmentation de la production mondiale de pétrole, et ce, plus vite que la consommation en 2025, malgré les efforts de stabilisation de plusieurs pays de l'Opep, soutenue par la demande de l'industrie pétrochimique qui fabrique les matières plastiques.

Concernant la demande mondiale de pétrole, l'Opep s'attend dans son rapport à une croissance de 1,4 million de barils par jour en 2025 et 2026, avec une contribution plus importante des pays non membres de l'Ocde.

Cette situation et toutes ces prévisions ont suscité l'intérêt des experts tunisiens dont Ridha Chkoundali, universitaire et économiste. Dans un post publié récemment, sur sa page Facebook, ce dernier a fait savoir que « le budget de l'État pour 2025 a été préparé sur la base d'une hypothèse de prix moyen de 77,4 dollars le baril pour le pétrole brut Brent ». Néanmoins, et d'après les dernières données disponibles au 15 mars 2025, les prix du pétrole ont connu quelques fluctuations, le brut Brent se stabilisant autour de 70,34 dollars le baril.

Une bouffée d'oxygène pour le budget de l'Etat

«Si ce prix mondial se maintient jusqu'à la fin de cette année, le budget de l'Etat bénéficiera de 980 millions de dinars, soit près d'un milliard de dinars, ce qui est un chiffre très significatif. Compte tenu de la difficulté d'obtenir des financements extérieurs, cette somme est considérée comme une injection gratuite supplémentaire dans le budget de l'Etat, comme si la Tunisie l'avait reçue à titre gracieux de l'étranger. Il s'agit d'une avancée importante pour la Tunisie, compte tenu de sa mauvaise notation de crédit, qui l'empêche d'accéder aux marchés financiers internationaux », a noté Chkoundali.

Et de poursuivre: «La stabilisation des prix mondiaux du pétrole à un tel niveau contribuera à stabiliser les prix intérieurs de l'énergie et à poursuivre la tendance baissière de l'inflation. Cela pourrait faciliter la décision de la Banque centrale, attendue depuis longtemps par la plupart des experts et observateurs des affaires publiques, de réduire le taux d'intérêt directeur. Cela encouragera les investisseurs à investir davantage, contribuera à la création de richesses productives et améliorera les conditions de vie».

D'après le professeur universitaire, l'excédent que la Tunisie parviendra à générer, et que la Banque centrale était censée payer pour les approvisionnements en énergie, permettra la préservation des avoirs en devises fortes, ce qui stabilisera le dinar par rapport aux devises étrangères et donnera à la Banque centrale plus de flexibilité dans le remboursement des dettes extérieures. L'expert, a par ailleurs, fait savoir qu'il est difficile de prédire l'avenir des prix mondiaux du pétrole, car de nombreux facteurs économiques et politiques entrent en jeu.

Suivre les fluctuations

«Il y a, tout d'abord, les tensions géopolitiques mondiales et sanctions imposées aux pays producteurs de pétrole : Par exemple, l'imposition par les États-Unis de restrictions supplémentaires aux compagnies pétrolières iraniennes contribuera à réduire les exportations de pétrole iranien vers les marchés mondiaux... La guerre tarifaire déclarée que les États-Unis entendent imposer à leurs importations en provenance de certains pays, notamment du Canada, contribuera à un ralentissement du commerce extérieur, principal moteur de la croissance mondiale, et fera encore baisser les prix mondiaux. Il y a également les politiques pétrolières de l'Opep+, l'alliance qui comprend les Etats membres de l'Opep et certains pays producteurs de pétrole comme la Russie, visant à réduire leur production. Des circonstances qui contribueront à la hausse des prix mondiaux du pétrole, ou du moins à les maintenir au niveau».

Chkoundali met le doigt aussi sur une autre question non moins importante qui est « la détermination des pays en développement, comme la Chine et l'Inde, à atteindre des taux de croissance élevés, et la reprise des pays développés après les répercussions de la pandémie sanitaire pourraient entraîner une augmentation de la demande de pétrole et faire grimper les prix mondiaux du pétrole».

Enfin, toujours d'après lui, d'autres circonstances comme les progrès réalisés dans l'utilisation des énergies renouvelables à l'échelle mondiale, qui entraîneront une baisse de la demande mondiale de pétrole et contribueront à une baisse de ses prix mondiaux.

«La décision des Etats-Unis d'accroître leur production de pétrole de schiste au début de cette année et dans les années à venir pourrait également entraîner une baisse des prix mondiaux du pétrole».

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