Pour Vashil Jasgray, Project Manager chez Kolektif Rivier Nwar, le jour commémorant l'Indépendance va au-delà des festivités. Elle symbolise la liberté et la souveraineté mais doit également être un moment de réflexion sur le parcours de la nation. «L'indépendance, c'est l'occasion de penser à ce que nos ancêtres ont accompli et à nos avancées mais cette journée ne doit pas se limiter à des spectacles. Il faut se demander comment avancer ensemble, dans l'unité et la sérénité», affirme-t-il.
Malgré les progrès accomplis depuis, des frustrations persistent, surtout parmi la jeunesse. Les attentes sont fortes, notamment dans la lutte contre la corruption, la drogue chez les jeunes et la recherche d'une meilleure éducation et de plus d'opportunités. «Les jeunes veulent trouver leur place, mais la mentalité d'une grande partie de la population reste figée dans le passé», souligne-t-il. Selon lui, Maurice, bien que riche de sa diversité, fait face à des obstacles majeurs comme les inégalités sociales et l'émigration des jeunes en quête de meilleures perspectives d'avenir. L'urgence, selon lui, est de permettre aux jeunes d'avoir une voix plus forte et de participer activement aux décisions politiques.
L'identité nationale demeure aussi un enjeu. «Lors de crises ou d'événements comme les Jeux des Îles, nous nous sentons tous Mauriciens», observe-t-il. Mais dès que la religion intervient, les divisions apparaissent. Bien que la culture soit riche et variée, l'unité nationale reste un défi quotidien. «Trop souvent, on met en avant nos différences. Il faudrait que l'unité devienne un principe fondamental, non seulement en temps de crise, mais aussi dans notre quotidien», ajoute-t-il. Pour lui, l'essentiel est d'abord de se considérer comme Mauriciens, avant de se définir par l'appartenance religieuse.
La situation économique du pays le préoccupe. «En 2025, la crise économique persiste et aucun nouveau pilier pour l'économie n'a émergé», constate-t-il. Si le ministre de l'Agro-industrie encourage un retour à la terre, il note qu'aucune facilitation concrète n'a été mise en place pour soutenir ce projet. «Certains ministères restent ancrés dans des méthodes dépassées», déplore-t-il. Pour l'avenir de la nation, il plaide pour une société plus inclusive, où chaque jeune aurait la possibilité de réussir, indépendamment de ses origines. Investir dans l'éducation, encourager l'entrepreneuriat, promouvoir l'engagement citoyen et mettre le développement durable au coeur de la vision collective sont des priorités, selon lui. «Les jeunes doivent être les acteurs du changement, défendre leurs valeurs et contribuer à un avenir où Maurice deviendra un modèle de diversité et de solidarité.»