En Centrafrique, cela fait deux mois depuis le 17 janvier que Clarisse et Aristide Sayo sont détenus. La soeur et le frère du chef rebelle Armel Sayo ont été appréhendés ensemble à Bangui. Aucun motif n'a été donné jusque-là pour expliquer leur détention, mais elle est intervenue dans la foulée de l'arrestation de leur frère à Douala, au Cameroun. Leur famille et leurs avocats s'inquiètent de cette situation alors que selon eux, ils n'ont, ni l'un, ni l'autre, d'activité politique.
Selon son conjoint, Clarisse Sayo est hospitalisée sous garde stricte depuis un mois au Centre hospitalier Universitaire de Bangui. Au moment de son arrestation, elle était en attente d'une intervention chirurgicale programmée pour son retour en France, où elle réside depuis quelques années.
Si sa tante et l'une de ses cousines peuvent lui apporter de la nourriture, ses avocats n'ont pas accès à leur cliente, mais ils espèrent néanmoins obtenir prochainement une évacuation sanitaire. Alors que ses médecins ont dû s'opposer à son retour dans les cellules de l'office centrale de répression du banditisme, l'OCRB, où se trouve toujours en revanche son frère, Aristide.
Le 17 janvier dernier, ils venaient de rendre une visite « de courtoisie » au directeur général de la police Bienvenu Zokoué, lorsqu'ils ont été arrêtés. Quelques heures plus tôt, c'est leur petit frère qui avait été appréhendé à l'aéroport de Douala.
Armel Sayo est détenu au Cameroun
L'ex-ministre Armel Sayo a monté un nouveau groupe rebelle en mai 2024, la Coalition militaire de salut du peuple et de redressement (CMSPR), et promis de renverser les institutions actuelles. Il est toujours détenu au Cameroun. Bangui voit en lui une menace sérieuse et demande son extradition, sans réussite jusque-là.
Selon des membres de la famille, les liens au sein de la fratrie sont distendus depuis qu'Armel Sayo a choisi de reprendre les armes, et ni Clarisse, ancienne ministre qui gère une épicerie en France, dans la région de Saint-Etienne, ni Aristide, gendarme en retraite, n'ont actuellement d'activité politique.
Aucune garde à vue, ni éléments d'enquête, ne leur ont d'ailleurs été notifiés en deux mois. Certains médias locaux ont affirmé que Paris exerçait des pressions pour obtenir le transfert d'Armel Sayo vers la France, dont il détient la nationalité. Ce qu'a démenti l'ambassade de France à Bangui en fin de semaine dernière, évoquant dans un communiqué la « souveraineté » du Cameroun comme de la RCA.
Par ailleurs, une vague d'arrestations a visé ces dernières semaines des gens considérés comme possiblement favorables au CMSPR.