Vingt-quatre heures après avoir rompu ses relations diplomatiques avec la Belgique, Kigali justifie son geste en expliquant que les autorités belges ont mis tout leur poids dans la balance pour faire adopter les sanctions européennes annoncées le même jour contre plusieurs chefs militaires rwandais.
L'Union européenne (UE) a annoncé une série de sanctions contre neuf personnalités et une entité rwandaises pour leur implication dans le conflit dans l'Est de la RDC, lundi 17 mars. Sont visés notamment : trois haut-gradés de l'armée accusés de diriger des troupes aux côtés du groupe rebelle AFC/M23, mais aussi le patron de l'organisme rwandais en charge des mines, du pétrole et du gaz - le RMB - et la raffinerie d'or de Gasabo, l'un et l'autre sanctionnés pour avoir tirer partie de la crise en se livrant à des exportations de ressources naturelles congolaises extraites de façon illégale, selon les 27.
Si elles sont rejetées en bloc par les autorités rwandaises, ces sanctions sont aussi considérées à Kigali comme étant largement l'oeuvre de la Belgique. Selon le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais, la rupture officielle des relations diplomatiques avec Bruxelles est même directement liée au rôle joué par les Belges dans l'annonce des sanctions européennes.
Suivez-nous sur WhatsApp | LinkedIn pour les derniers titres
« La Belgique n'a pas ménagé ses efforts pour faire condamner le Rwanda et faire en sorte que des sanctions soient prises à son encontre, déclare ainsi Alain Mukuralinda. La Belgique a pris partie, et c'est ce que lui reproche le Rwanda, d'autant plus qu'elle fait comme si nous n'avions aucun grief : le Rwanda a un problème de sécurité qui a toujours été évoqué. Or, celle-ci n'en parle pas. »
Selon lui, ces sanctions sont par ailleurs de nature à compromettre les négociations en cours au niveau régional pour tenter de mettre un terme au conflit. Annoncées le même jour que la réunion conjointe entre la SADC et l'EAC, elles ont en effet immédiatement aussi été suivies par l'annulation de la participation du M23 au dialogue qui devait s'ouvrir à Luanda entre Kinshasa et le groupe armé, mardi 18 mars.
« Je ne peux pas parler au nom du M23, mais toutes les initiatives qui conduisent à l'annulation d'un canal de discussion, d'une voie de résolution politique de la crise ne sont pas une bonne chose, reprend Alain Mukuralinda. Parce que si les gens ne parviennent pas à se parler, il y a le risque que les combats continuent. »