Burkina Faso: Idrissa Barry, le secrétaire national du mouvement politique Sens, a été enlevé

Figure du mouvement politique Servir et non se servir (Sens), Idrissa Barry a été interpellé sans aucun motif officiel par des individus se présentant comme des gendarmes, mardi 18 mars, à la mairie de la commune de Saaba, en banlieue de Ouagadougou. En début de semaine, Sens avait dénoncé les récents massacres de civils peuls à Solenzo, dans l'ouest du Burkina Faso, attribués à l'armée burkinabè et à ses supplétifs.

En se rendant à la délégation spéciale de la mairie de Saaba, en banlieue de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, mardi 18 mars, Idrissa Barry ne s'attendait sans doute pas à en ressortir encadré par des hommes se présentant comme appartenant à la gendarmerie. Interpellé sans mandat ni motif officiel, le secrétaire national du mouvement Servir et non se servir (Sens) est la dernière victime en date d'une pratique devenue banale de la part de la junte militaire au pouvoir dans le pays qui cherche à réduire au silence toutes celles et tous ceux qui s'opposent à son régime.

Sans attendre, Sens a exprimé dans un communiqué « sa plus vive indignation et sa profonde inquiétude face [....] à [cet] enlèvement brutal », exigeant la « libération immédiate et sans condition » d'Idrissa Barry et ajoutant que « cet acte de disparition forcée, en plein jour et dans une enceinte administrative, constitue une grave violation des droits humains et une menace directe contre toutes les voix critiques ». M. Barry a été enlevé « alors qu'il était en audience avec le président de la délégation spéciale à la mairie de Saaba », précise encore le mouvement.

« Expéditions punitives à connotation génocidaire »

Les proches d'Idrissa Barry supposent que sa disparition est liée à un communiqué publié par Sens en début de semaine qui a déplu au pouvoir militaire. Dans ce document en date du 14 mars, l'organisation stigmatisait les Brigades d'intervention rapides et les Volontaires pour la défense de la patrie - des organisations qui viennent en appui de l'armée burkinabè dans la lutte contre les jihadistes - qui se sont livrés à de terribles et sanglantes exactions contre des populations civiles à Solenzo, le 11 mars dernier.

Face à ces massacres contre les Peuls soupçonnés de complicité avec les jihadistes du Jnim, Sens affirme « que si la barbarie terroriste doit être combattue, cela ne doit pas excuser les expéditions punitives à connotation génocidaire ». Un ton - et des termes - qui, visiblement, n'ont pas plu au pouvoir en place à Ouagadougou.

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