Demain, 20 mars 2025, l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) soufflera ses 55 bougies, puisque c'est le 20 mars 1970 qu'elle a vu le jour, sous l'appellation première d'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT).
Mais ce jubilé d'orchidée, à vrai dire, aura un goût amer dans la mesure où, trois jours auparavant, un des 93 membres de cette Francophonie institutionnelle, en l'occurrence le Niger, annonçait officiellement son retrait de celle-ci, alors que, disait-on, le tour du Burkina Faso et du Mali était attendu comme deux autres épées de Damoclès.
Il est vrai que les trois pays de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), pour des raisons bien connues de tous, étaient suspendus des instances délibérantes de l'OIF. Mais on ne peut manquer de voir dans un départ comme celui du Niger la marque d'une ironie de l'histoire.
La raison ? C'est sur les bords du Niger, c'est-à-dire à Niamey, que l'Organisation a été portée sur les fonts baptismaux. Mieux, c'est un éminent scientifique de nationalité nigérienne, le Pr Dankoulodo Dan Dicko, qui en fut le tout premier secrétaire général.
A sa naissance en 70, et ce jusqu'en 99, l'OIF s'occupait essentiellement de questions de coopération technique et culturelle dans tous les domaines, avec en prime la promotion de la langue française, puisque c'est l'outil que tous les Etats membres avaient en partage.
Sur la couleur politique des régimes et le mode d'accession au pouvoir de leurs dirigeants, elle n'était pas très regardante.
Vint ensuite son sommet en 1997, dans la capitale vietnamienne, Hanoï, avec l'arrivée à sa tête de l'Egyptien Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'ONU, et l'option de doter cet espace de solidarité d'un contenu politique. Puis le clou fut enfoncé trois ans plus tard sur les bords du Djoliba par le Protocole de Bamako du 3 novembre sur la démocratie.
Dès lors, seules les urnes étaient retenues comme mode légal de dévolution du pouvoir, avec toutes les conséquences qui en découlent.
Une sorte de cli d'oeil, s'il en fut, à tous ceux qui furent les pères géniteurs de l'idée même d'une Francophonie interétatique, à savoir Norodom Sihanouk du Cambodge, Charles Hélou du Liban, Habib Bourguiba de la Tunisie, Léopold Sédar Senghor du Sénégal et Hamani Diori du Niger, tous pétris de la même matrice humaniste.
Si, aujourd'hui, l'Organisation s'enorgueillit de compter 93 membres, c'est que depuis sa création jusqu'à nos jours, beaucoup de pays y ont afflué, même si certains n'avaient de Francophonie que de nom.
On y trouve, en effet, 56 membres, 5 membres associés et 32 membres observateurs, chacun y venant pour des raisons qui lui sont propres et en toute souveraineté. Le moins qu'on puisse dire, c'est que, en dehors des rencontres officielles internationales, la Francophonie est un espace qu'étudiants, enseignants, chercheurs, intellectuels de tous bords, sportifs, artistes et autres acteurs du monde culturel ont toujours eu comme creuset de formation et de saine émulation.
Mais, sauf erreur ou omission de notre part, c'est la première fois que l'on enregistre des mouvements dans le sens contraire, c'est-à-dire des défections, opérés eux aussi en toute souveraineté et en toute connaissance de cause.