Depuis la création de l'Alliance des États du Sahel (AES), des décisions coulent à flot. Du retrait de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) à celui de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à ce jour, plus rien ne surprend les populations. Les dirigeants de l'AES, composés du Niger, du Mali et du Burkina Faso, ont déjà établi leur feuille de route.
Ces militaires, qui ont accédé au pouvoir de leurs pays par des coups d'État, sont sans ignorer ce qu'ils posent comme acte, et cela, même si ces actions laissent à réfléchir.
En dépit de ce qui peut flotter autour de cette gouvernance militaire, une question se pose. Quel avenir pour le secteur économique et politique du Niger, du Mali et du Burkina Faso, quand on sait que ces pays militent pour une gouvernance totalement africaine portée par un besoin ardent de changer les conflits en paix croissante.
Si l'Alliance des États du Sahel (AES) est née de la nécessité de faire face à des défis cruciaux dans leurs pays qui vivent de tensions sécuritaires persistantes, alors, plus rien ne doit surprendre.
Ces pays qui ont uni leurs efforts pour construire une plateforme de coopération multilatérale, visant à améliorer la sécurité régionale, à promouvoir le développement socio-économique et à lutter contre les effets néfastes du changement climatique, ont déjà tout planifié.
Le Niger, le Mali et le Burkina Faso détiennent des ressources stratégiques et ont des potentiels économiques pour se développer à travers le pétrole, l'uranium, l'or, sans oublier le coton et l'agriculture.
Ces richesses, souvent sources de convoitises internationales, sont vues par les dirigeants de l'AES comme un moyen d'assurer une indépendance économique. Les nouveaux accords de coopération avec la Russie et la Chine, qui visent à la construction de centrales nucléaires, d'usines de raffinage d'or et de centrales solaires, illustrent cette volonté de développer des partenariats sans passer par les canaux traditionnels dominés par les anciennes puissances coloniales.
Cependant, ces alliances avec des puissances non occidentales, bien qu'attrayantes sur le plan économique, n'offrent-elles pas aussi des risques géopolitiques ?
Le rapprochement avec la Russie, qui s'est intensifié ces dernières années dans la région sahélienne, pose la question de la diversification des partenariats et de l'équilibre géopolitique de ces nations.
D'un côté, les pays de l'AES cherchent à s'affranchir des anciennes puissances coloniales, mais de l'autre, ces nouveaux partenariats pourraient aussi entraîner une nouvelle forme de dépendance, cette fois-ci envers la Russie et la Chine qui pourrait bien illustrer la relation France-Afrique.
Il est sans doute visible que, si la Chine et la Russie sont aujourd'hui des partenaires clés, rien ne garantit que ces relations demeureront aussi bénéfiques dans les années à venir, d'autant plus que les intérêts géopolitiques de ces puissances peuvent évoluer en fonction de leurs priorités globales.
La rupture des relations avec des organismes internationaux comme l'OIF n'est rien d'autre qu'une suite logique de ce qu'ils ont posé comme acte au préalable. Même si les regards portés sur eux sont dubitatifs, les militaires l'ont bien fait savoir, ils veulent une rupture !