Rwanda: Génocide des Tutsis - La justice se penche sur une possible mise en examen d'Agathe Habyarimana

Un monument à la mémoire du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda est dévoilé aux Nations Unies à Genève. (archive)in

C'est une nouvelle étape dans la procédure judiciaire qui vise Agathe Habyarimana en France. La cour d'appel de Paris examine, mercredi 19 mars, une requête du parquet national anti-terroriste (PNAT) qui demande la mise en examen de l'ex-Première dame du Rwanda notamment pour « entente en vue de commettre un génocide ».

Agathe Habyarimana, la veuve du président rwandais, Juvenal Habyarimana, dont l'assassinat avait donné le coup d'envoi au génocide des Tutsis au Rwanda de 1994, avait été mise à l'abri à Paris dès le début des tueries. Elle y est toujours, au grand dam des familles des victimes qui pointent son rôle dans les cercles hutus les plus extrémistes qui existaient à Kigali à l'époque.

L'enquête est ouverte depuis la plainte déposée en 2007 par le collectif des parties civiles pour le Rwanda. Les avocats d'Agathe Habyarimana estiment que ce dossier est vide, qu'il est politique et qu'un non-lieu devrait être prononcé.

La cour d'appel de Paris doit statuer sur trois requêtes du ministère public : la mise en examen d'Agathe Habyarimana pour entente en vue de commettre un génocide et des crimes contre l'humanité, l'élargissement de l'enquête à compter du 1er mars 1994 et non sur les trois jours autour du déclenchement du génocide, et sur de nouvelles investigations.

« Une étape indispensable » dans la procédure judiciaire

Pour le collectif des parties civiles pour le Rwanda, présidé par Alain Gauthier, à l'origine en 2007 de la plainte contre l'ex-Première dame, ces requêtes sont fondamentales pour permettre à l'enquête de progresser. « C'est capital, c'est une étape indispensable si l'on veut que l'affaire se poursuive. Si le parquet demande une mise en examen, c'est qu'ils ont des éléments, ce n'est pas pour faire plaisir à qui que ce soit. Pour nous, ce qui est important, ce sont les victimes, ce n'est pas le pouvoir à Kigali », explique-t-il.

Placée sous le statut de témoin assisté en 2016, Agathe Habyarimana a été entendue, à nouveau, par le juge en décembre 2024. L'avocat de l'ex-Première dame, Me Philippe Meilhac, qui considère qu'un non-lieu aurait dû être prononcé en 2022 faute d'éléments, estime que les requêtes du ministère public permettent surtout de garder la procédure ouverte, et donc, de ne pas froisser les autorités rwandaises :

« Ce dossier est désespérément vide pour ma cliente qui le subit. Le jeu du ministère public est totalement vide. Tout ça, c'est un véritable coup de poker judiciaire. L'objectif, c'est de retarder le moment où ce non-lieu va être ordonné pour des considérations d'ordre politique. »

Âgée de 82 ans, Agathe Habyarimana ne sera pas présente à l'audience. La décision de la chambre de l'instruction sera mise en délibéré, comme le veut la procédure.

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