Congo-Kinshasa: Est du pays - Toujours pas de cessez-le-feu

(Photo d'illustration) Des soldats FARDC à Bunia en démonstration des tirs au centre de formation militaire de Rwampara, après être formés par les casques bleus

Les affrontements se poursuivent entre les FARDC et les rebelles de l'AFC-M23 notamment à Walikale malgré la récente rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame.

Avant Doha, la dernière rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame remonte à juillet 2022, à Luanda, en Angola. Une rencontre était prévue le 15 décembre mais, à la dernière minute, le Rwanda a décliné sa participation, justifiant son absence par le fait que la crise congolaise devait être réglée en interne.

Le 18 mars, alors que l'Angola, médiateur de l'Union africaine dans la crise, informait qu'à Luanda des négociations de paix prévues entre Kinshasa et le M23 n'avaient finalement pas eu lieu, le Qatar annonçait, contre toute attente, qu'une rencontre entre les présidents congolais et rwandais s'était déroulée dans la journée à Doha.

Si les Qataris ont réussi à faire venir Paul Kagame aussi vite, c'est parce qu'ils ont beaucoup d'intérêts économiques au Rwanda et disposent donc d'un levier dont les Angolais ne disposent pas.

A titre d'exemple, les Qataris détiennent 49% de Rwandair et sont chargés de la construction du futur aéroport de Bugesera, dans le sud du pays. Ce dernier a coûté environ deux millions de dollars au Rwanda.

Le politologue Christian Moleka rappelle que le Rwanda avait déjà proposé de trouver une solution au problème en dehors du continent africain. Il était question, en janvier, d'une médiation turque proposée par le Rwanda et déclinée par la République démocratique du Congo.

"A ce jour, le Qatar semble s'appuyer sur les processus africains, Luanda et Nairobi. La rencontre a peut-être servi à une désescalade et à une forme de début d'harmonisation des points de vue des deux parties, mais ce n'est qu'un point de départ d'une démarche qui peut rejoindre les dynamiques africaines" explique Christian Moleka.

Selon l'expert "tout dépendra de la capacité de relier les efforts diplomatiques lancés par le Qatar avec les solutions africaines existantes aujourd'hui, à savoir le processus de Luanda et de Nairobi qui peuvent être soit fusionnés soit alignés"-

Des resolutions mi-figue, mi-raisin

L'un des points importants évoqués au sortir de la rencontre entre les deux chefs d'Etat a été l'engagement de toutes les parties en faveur d'un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel.

Cependant, sur le terrain, cet après-midi encore, des combats entre les rebelles du M23 et l'armée congolaise étaient signalés à Walikale, dans la province du Nord-Kivu.

Pour Fred Bauma, directeur exécutif du centre d'étude Ebuteli, il est trop tôt pour présager du succès de cette rencontre à Doha.

"On pourrait mesurer la réussite ou l'échec de cette nouvelle tentative en voyant également les progrès dans d'autres processus comme ceux de l'EAC-SADC, ou les réunions qui étaient prévues à Luanda" précise le chercheur à la DW.

Selon lui "on doit aussi voir ce qui se passe sur le terrain.C'est un processus qui commence et qui sera long. Difficile de dire si ce sera une réussite ou un échec, toujours est-il que c'est un processus qui est en marche."

Une crise aux multiples ramifications

Les traités doivent se poursuivre pour "établir des bases solides pour une paix durable", selon le Qatar qui a joué un rôle diplomatique important dans plusieurs crises ces dernières années, dont le conflit israélo-palestinien, la guerre au Yémen, mais aussi au Darfour et en Afghanistan.

"Les modalités de l'exécution de ce qui a été convenu seront précisées dans les jours qui viennent", a précisé la présidence congolaise.

Le politologue Jean-Claude Mputu a toutefois émis des réserves quant à cette rencontre. Il rappelle que la crise est multidimensionnelle,"On est là face à une nouvelle donne, on verra si le Qatar sera en mesure de réussir là où l'Union africaine a échoué et d'aboutir à une solution, surtout que les acteurs l'ont souvent dit : la crise congolaise est multidimensionnelle".

Pour Jean-Claude Mputu "la seule rencontre entre le président Tshisekedi et Kagame ne résoudra pas ces problèmes. Le mal est beaucoup plus profond que cela".

Cela va faire des mois que, de leur côté, l'Eglise catholique et l'Eglise du Christ au Congo multiplient les rencontres dans le but de trouver des solutions àla crise dans l'est de la RDC. Ce mercredi, une délégation ECC-Cenco devait être reçue par le président français Emmanuel Macron.

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