Maurice, en tant que petit État insulaire en développement, est parmi les pays les plus exposés aux effets du changement climatique. Sa vulnérabilité aux phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les cyclones, les raz-de-marée, les pluies torrentielles les sécheresses, ainsi qu'aux glissements de terrain et au stress thermique, en fait un territoire particulièrement à risque. Les tendances climatiques démontrent que l'intensification de ces phénomènes accentue la fragilité du pays.
Pendant ce temps, un retard considérable s'est accumulé dans la mise en oeuvre des projets environnementaux, accompagné d'un manque de rigueur dans l'application des lois existantes. C'est ce qu'a souligné le ministre de l'Environnement, Rajesh Bhagwan, au Parlement vendredi dernier : «Nous avons un gros retard à rattraper et de grands défis à relever.» Face à cette situation, le nouveau gouvernement envisage de mettre en place de nouvelles initiatives.
À commencer par les plages, qui constituent l'un des principaux atouts de l'industrie touristique et des loisirs pour la population locale, mais qui sont fortement touchées par l'érosion côtière. Sur les 322 km de côtes que compte l'île, 83 % sont constitués de plages de sable, dont le rétrécissement devient de plus en plus préoccupant. Divers projets ont été mis en oeuvre pour prévenir et contrôler ce phénomène, mais certaines mesures se sont révélées inefficaces. S'y ajoute l'élévation du niveau de la mer, qui aggrave davantage l'érosion du littoral.
Toutefois, le nouveau ministre de l'Environnement assure que la lutte contre ce phénomène «est fondée sur la science, guidée par des contributions d'experts, et façonnée par les voix des organisations non gouvernementales (ONG) et des communautés». À ce jour, a indiqué Rajesh Bhagwan, le ministère a identifié plusieurs sites d'intervention prioritaires. «Au cours des cinq prochaines années, quelque 32 km répartis sur 34 sites érodés prioritaires seront réhabilités pour un montant de Rs 4 milliards. Une fois les travaux achevés, ces sites seront proclamés plages publiques, créant ainsi de nouveaux espaces accessibles à tous pour le plaisir et les loisirs.»
Un autre défi implique la surcharge de la décharge de Mare-Chicose et les travaux d'expansion verticale nécessaires sur le site. D'ailleurs, divers incendies de déchets ont été recensés en novembre dernier, notamment à la station de transfert de La Chaumière et au centre d'enfouissement de Mare-Chicose. «L'absence d'autres sites de décharge et le syndrome NIMBY (Not In My Back Yard) rendent la situation encore plus difficile. Il est donc impératif que nous réduisions notre dépendance à l'égard des décharges en détournant les déchets grâce à des systèmes de récupération des ressources innovants et efficaces.» Pour y remédier, «la première étape de ce parcours commence à la source - la ségrégation des déchets».
Quid des Environmentally Sensitive Areas ? Alors que des ONG se sont battues et se sont fait entendre à plusieurs reprises pour leur protection, une loi est en préparation. Ces zones possèdent en effet des caractéristiques environnementales essentielles à la préservation à long terme de la biodiversité, des sols, de l'eau et d'autres ressources naturelles.
Concernant la surveillance sur le terrain, le gouvernement mise sur un renforcement des contrôles pour assurer le respect des réglementations environnementales. La police de l'environnement jouera un rôle clé dans cette mission et des discussions sont en cours avec le commissaire de police pour augmenter le nombre d'agents dédiés. L'objectif est d'intensifier l'application des lois et les actions de préservation.
Rajesh Bhagwan a souligné que la protection de l'environnement ne relève pas uniquement de son ministère, mais requiert la collaboration de plusieurs autres. Il estime qu'«un changement radical dans notre mode de production et de consommation et la participation massive de la population à la reconquête écologique de nos îles» sont essentiels.
En vue de la soumission des Nationally Determined Contributions à la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques avant la 30e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP30), prévue du 10 au 21 novembre à Belém, au Brésil, leur élaboration est une priorité. Un comité interministériel, regroupant les ministères des Finances, des Affaires étrangères, de l'Agro-industrie et de la Sécurité sociale, a été mis en place pour suivre les avancées. L'adaptation au changement climatique reste une priorité afin d'améliorer la résilience et de favoriser un développement à faibles émissions de carbone.