Les pharmacies privées sont confrontées à une pénurie persistante de médicaments. Plus de 100 médicaments sont indisponibles sur le marché alors que ce sont souvent des produits essentiels comme le Dulcolax pour la constipation, le Maxilase pour les maux de gorge, les suppositoires pour enfants et des antidouleurs comme l'Indocide ou encore le Madopar pour la maladie de Parkinson. Certains médicaments n'ont pas de produits de substitution, explique un pharmacien, ce qui rend la situation encore plus préoccupante. De plus, de nombreux patients, habitués à un traitement spécifique, éprouvent des réticences à en changer, compliquant davantage la gestion de cette crise.
Toutefois, Maurice ne serait pas un cas isolé. Cette pénurie touche de nombreux pays, suscitant des craintes majeures pour les patients. Les ruptures de stock ont augmenté de manière significative entre l'an 2000 et 2018 en Europe et se sont intensifiées avec la pandémie de Covid-19, perturbant davantage les chaînes d'approvisionnement. Certains médicaments connaissent désormais des pénuries récurrentes et prolongées.
La pénurie de médicaments résulte de plusieurs facteurs, allant de la production à la distribution. Selon la presse internationale, la hausse de la demande mondiale, la nécessité de relocaliser certaines productions et les tensions entre industriels et autorités compliquent la situation. Par exemple, la vente d'une partie de la filiale Opella, productrice de médicaments de grande consommation, à un fonds d'investissement étranger a soulevé des inquiétudes sur l'indépendance pharmaceutique, l'année dernière. De plus, plusieurs laboratoires ont été sanctionnés par l'Agence nationale de sécurité du médicament pour ne pas avoir respecté leurs obligations de stock, aggravant les ruptures dans l'approvisionnement.
Siddick Khodabaccus, président de l'Union des pharmaciens et de l'Association des petits et moyens importateurs de médicaments, tire la sonnette d'alarme : «Je ne cesse de dire qu'il y a un manque de médicaments sur le marché et qu'il faut trouver une solution pour pallier ce manque.» Pour y remédier, il plaide en faveur de l'autorisation de l'importation parallèle, en particulier pour les médicaments en rupture de stock afin d'assurer un accès rapide aux traitements. «Cela permettrait non seulement de combler les ruptures de stock mais aussi de proposer des médicaments jusqu'à 40 % moins cher», maintient-il. «Les laboratoires et agences de médicaments génériques sont certifiés et reconnus par les autorités compétentes, en accord avec les maisons mères.»
«Au-delà de l'urgence, relève-t-il, il est essentiel de sensibiliser le public aux médicaments alternatifs, souvent refusés par les patients qui préfèrent les médicaments auxquels ils sont habitués ou encore prescrits par leur médecin mais indisponibles sur le marché. Trouver une solution durable est crucial.»