Face à la montée des activités financières illégales, la Banky Foiben'i Madagasikara (BFM) a récemment fermé trois institutions de microfinance opérant sans agrément. Elles étaient installées à Antananarivo, Toamasina et Alaotra-Mangoro, proposant des prêts et collectant des dépôts en violation des règles en vigueur. Lors de la Global Money Week (GMW) 2025 d'hier à Havoria Anosy, Seheno Ranaivoson, secrétaire général de la Commission de Supervision Bancaire et Financière, a souligné l'importance de ces mesures pour protéger les citoyens contre les plateformes non régulées et les pratiques frauduleuses.
La loi est claire : toute activité de microfinance doit être encadrée et agréée afin de garantir la stabilité du secteur et protéger les emprunteurs. Les signalements proviennent de diverses sources: institutions de microfinance légales, agences de supervision, citoyens ou clients lésés. Selon Seheno Ranaivoson : « C'est au tribunal de mener l'enquête, mais en général, ce sont les déclarations des citoyens auprès de la Banque centrale qui révèlent ces activités irrégulières. »
Lorsque la BFM est alertée, elle mène des investigations et prend des mesures, pouvant inclure des poursuites pénales, lorsque l'illégalité est confirmée.
Les trois institutions de microfinance fermées n'étaient pas toutes en activité depuis longtemps, mais leur impact était déjà préoccupant. Certaines fonctionnaient depuis seulement trois mois.
Ces structures illégales exploitent souvent la vulnérabilité des personnes en difficulté en leur offrant un accès rapide à de l'argent. Cependant, derrière cette apparente facilité se cachent des conditions abusives : des taux d'intérêt très élevés et des remboursements difficiles, plongeant les emprunteurs dans une spirale de dettes.
« Les gens ont besoin d'argent rapidement et ne vérifient pas toujours si l'établissement est légal. Une fois engagés, ils doivent rembourser des sommes astronomiques, ce qui aggrave leur situation », ajoute-t-il. Ces institutions de microfinance faussent également la concurrence. Les institutions légales respectent des réglementations strictes, paient des taxes et assument des charges, tandis que celles opérant illégalement échappent à ces obligations, ce qui n'est pas acceptable.
Protéger les emprunteurs
À Madagascar, seules les institutions de microfinance agréées peuvent prêter de l'argent et collecter des dépôts en toute légalité. Ce cadre réglementaire vise à protéger les clients. Actuellement, seulement 22 % des fonds sont placés en épargne à Madagascar, contre plus de 50 % dans d'autres pays de la région.
Pour sécuriser les petites épargnes, la BFM a instauré un fonds de garantie des dépôts, couvrant jusqu'à 80 % des clients bancaires, ce qui réduit les risques en cas de faillite d'un établissement financier. « Si une institution légale fait faillite, un mécanisme permet de rembourser une partie ou la totalité des sommes déposées », explique Seheno Ranaivoson.
Les prêts de 2 à 3 millions d'ariary sont protégés à 100 % en cas de faillite d'une microfinance agréée. En revanche, les clients des structures illégales prennent un risque majeur : en cas de disparition de l'entreprise, leur argent est perdu.
« Encourager les institutions à opérer légalement, c'est protéger les emprunteurs et garantir un marché financier plus sain », affirme-t-il.