Afrique: L'axe Afrique du Sud-Maurice toujours actif, entre disparitions et blanchiment d'argent

Disparition de Homunchul Kumar Ramdin : la FCC met en cause la police

La Financial Crimes Commission (FCC) a interrogé deux hauts gradés de la police, lundi et mardi, afin de comprendre pourquoi aucun statement n'a été recueilli auprès de Homunchul Kumar Ramdin. Elle leur reproche également de ne pas l'avoir arrêté, malgré son implication dans l'importation de 41 conteneurs entre janvier 2013 et décembre 2015. Depuis la saisie de 135 kilos d'héroïne, l'Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) avait interrogé Ramdin à trois reprises, mais sans surveillance suffisante, ce dernier a fini par disparaître. Sa fuite complique l'enquête sur l'importation des 157 kilos d'héroïne dont il est suspecté d'être l'un des acteurs principaux.

Navind Kistnah est toujours en détention alors que Homunchul Ramdin s'est volatilisé.

Blanchiment d'argent : condamnation pour Indrawtee et Vandana Ramdin

Indrawtee Ramdin et sa fille Vandana Ramdin ont été reconnues coupables de blanchiment d'argent hier devant la FCC. Poursuivies par la FCC sous les sections 3, 6 et 8 de la FIAMLA, elles ont été condamnées à payer respectivement une amende de Rs 300 000 et Rs 90 000.

Une analyse de leurs transactions bancaires a révélé d'importants dépôts d'argent sur leurs comptes entre 2013 et 2016, provenant de Homanchul Kumar Ramdin, qui prétendait que ces fonds émanaient de ses affaires ou de paris sur les courses hippiques. En novembre 2013, Indrawtee Ramdin avait déclaré qu'alors que son époux était en prison, elle avait reçu Rs 500 000 en liquide dans un sac plastique.

Navind Kistnah, partenaire en affaires de Homanchul Kumar Ramdin, a confirmé avoir été sollicité en 2004 pour créer Koon Management Company Ltd dans le but d'importer des marchandises pour un certain Raoul, qui s'avérait être Peroomal Veeren, un trafiquant de drogue notoire.

Une nouvelle saisie de compresseurs chargés de stupéfiants

Mardi, les autorités ont intercepté un nouveau chargement de drogue en provenance d'Afrique du Sud. Sur le navire MSC Santa Maria, elles ont saisi 16 kilos de cannabis dissimulés dans un compresseur et 5 kilos supplémentaires cachés dans un sac de croquettes pour chiens. La valeur marchande de cette saisie est estimée à Rs 25,2 millions. Cette opération résulte d'une collaboration entre la Customs Anti-Narcotics Section de la Mauritius Revenue Authority (MRA) et l'ADSU.

Cette méthode de trafic n'est pas nouvelle. En 2017, une saisie record de 157 kilos d'héroïne et 25 kilos de cannabis, d'une valeur de Rs 2,4 milliards, avait été effectuée. Les drogues étaient déjà dissimulées dans des compresseurs, une technique qui implique divers acteurs, dont Navin Kistnah, un courtier en douane aujourd'hui au centre de l'enquête.

Le rôle des sociétés fictives dans le trafic

L'utilisation de sociétés fictives pour introduire des cargaisons illégales à Maurice soulève de nombreuses questions. Un ancien douanier à la retraite explique qu'un transitaire (freight forwarder) peut facilement réserver un espace dans un cargo et financer l'importation sans que son nom n'apparaisse sur les documents officiels. Si la drogue est déclarée comme étant des marchandises anodines, la fraude peut passer inaperçue. Les trafiquants privilégient l'Afrique pour ces transactions, en raison de ses faibles contrôles et de la facilité à dissimuler des substances illicites dans des cargaisons légales.

Navin Kistnah : figure centrale

Navin Kistnah n'est pas un simple intermédiaire dans cette affaire. Ses liens avec plusieurs sociétés fictives, comme Brilliant Resources Consulting Ltd, et sa collaboration avec des individus tels que Gianchand Dewdanee et Sibi Thomas, font de lui un acteur clé. Ces entreprises ont permis l'importation massive de drogues dissimulées dans des compresseurs. En 2017, la saisie de 135 kilos d'héroïne d'une valeur de Rs 2 milliards a conduit à l'arrestation de Dewdanee et Thomas, qui ont depuis été libérés sous caution.

Kistnah, toujours en détention, a révélé des informations précieuses sur le cartel de drogue dirigé par Peroomal Veeren. Il a décrit un réseau composé de Tanzaniens, Mozambicains et autres trafiquants internationaux. En plus d'assurer l'importation de drogues, il aurait facilité le blanchiment d'argent du cartel.

Les comparutions de Navind Kistnah se faisaient toujours sous forte escorte en 2017

Sa sécurité : un enjeu vital

La sécurité de Kistnah reste l'un des aspects les plus préoccupants de cette affaire. En raison de son rôle clé dans l'importation de drogues et de sa connaissance de l'organisation du cartel, sa vie est en danger. Me Rama Valayden, avocat de Kistnah, a exprimé ses inquiétudes quant à la sécurité de son client. «Bien que mon client ait pleinement collaboré avec les autorités, sa situation reste précaire.» Il a également souligné que l'enquête en cours n'est pas encore terminée, ce qui rend une libération conditionnelle difficile à envisager à court terme.

Navin Kistnah, bien qu'un témoin clé dans cette affaire, n'a pas encore obtenu la protection nécessaire pour être un témoin de l'État. Me Valayden a demandé des mesures de protection pour garantir sa sécurité, mais aucune réponse officielle n'a été fournie à ce jour. L'ADSU, quant à elle, a également précisé que la libération de Kistnah sous caution serait imprudente, car il pourrait être abattu à tout moment par des membres du cartel qu'il a dénoncés.

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