À Antananarivo, la capitale malgache, des centaines de marchands de rue de l'avenue de l'Indépendance doivent quitter leur point de vente historique ce jeudi. Postés sur les trottoirs d'Analakely, en plein coeur de la capitale, ces vendeurs de cafés, réparateurs de téléphone ou autres gargotiers reflètent la place du secteur informel et la crise de l'emploi dans le pays. Sur décision de la nouvelle maire de la capitale élue deux mois plus tôt, ils sont donc priés de s'installer dans un autre emplacement moins central pour désencombrer l'hypercentre de la ville. Depuis le début de semaine, un vent de colère se répand chez les marchands.
Le brouhaha habituel d'Analakely va peut-être disparaître du quotidien des Tananariviens. Ce n'est pas la première fois que ces marchands de rue sont menacés d'expulsion dans la capitale de Madagascar. Ce qui n'a pas empêché Tranquille, vendeur de montres, d'être consterné au moment où il apprend cette énième tentative. Lui voyait en la nouvelle maire, tout juste élue, une alliée naturelle.
« C'est une vraie trahison. Ici, on a tous voté pour la nouvelle maire, car elle vient, comme nous du monde du commerce. » Harilala Ramanantsoa est à l'origine de la Grande Braderie de Madagascar, un événement réputé où les professionnels écoulent leurs produits à prix réduits.
« Ça risque de favoriser les actes de banditisme ! »
Le sentiment est partagé au stand voisin par Rakoto. Quand les autorités avancent un nécessaire retour à l'ordre et à la sécurité dans cette zone vitrine du pays, ce vendeur redoute l'effet inverse. « Si nous, marchands, nous retrouvons sans revenu du jour au lendemain, eh bien, je crois que ça risque de favoriser les actes de banditisme ! », dit-il.
Les précédents maires ont, eux aussi, développé des stratégies pour tenter de maîtriser la place du commerce informel dans les environs. Tous ont cédé aux résistances des marchands au bout de quelques semaines tout au plus. À elle seule, cette avenue très fréquentée fait vivre des centaines de familles, comme celle de Vololonirina, vendeuse de sodas depuis 15 ans.
« On a déjà essayé de nous faire partir, mais on a toujours réussi à revenir. Cette fois-ci, il paraît qu'on veut nous reloger quelque part, mais c'est ici que les affaires marchent le mieux et nous ne voulons vendre nulle part ailleurs qu'Analakely ! », constate-t-elle.
Des agents de police seront déployés tout au long de la journée ce jeudi pour encadrer l'opération d'évacuation et sanctionner tout mouvement de résistance.