Sénégal: Impact de la Covid-19 sur le PEV - Le CRCF dénote une baisse vaccinale

La pandémie de la COVID-19 a entrainé une baisse de la performance du Programme élargi de vaccination (PEV) au Sénégal, selon une étude réalisée par une équipe du Centre régional de recherche et de formation sur les maladies infectieuses et émergentes (CRCF) du Centre national hospitalier universitaire (CHU) de Fann.

Heureusement qu'il y a eu une résilience et une réaction très forte du programme avec beaucoup d'activités communautaires au Sénégal. En atelier de restitution de ces résultats hier, mercredi 18 mars 2025, à Dakar, les acteurs ont émis des recommandations devant le coordonnateur dudit programme qui se dit très favorable à les inclure dans les actions afin de booster d'avantage la vaccination.

Deux régions ont été choisies par les acteurs de l'étude sur l'impact de la COVID-19 sur le Programme élargi de vaccination (PEV). Il s'agit de Diourbel, notamment dans la localité de Touba, et Dakar, précisément à Keur Massar. Selon Dr Karim Diop, Directeur du CRCF, cette étude vise à optimiser l'apport et l'utilisation des Sciences humaines et sociales (SHS) pour mieux comprendre les facteurs et conditions susceptibles d'améliorer l'accès et l'adhésion à la vaccination. «Au Sénégal, l'objectif était de décrire et d'analyser les effets de la COVID-19 sur le Programme élargi de vaccination (PEV), avec un focus sur les régions de Dakar et de Diourbel, pour la période du 08 février au 31 juillet 2024», a fait savoir Dr Diop.

Pour ce qui est des conclusions de cette étude, il en est ressorti un impact négatif de la COVID-19 sur le PEV. Selon le Dr Khoudia Sow, qui a dirigé l'étude, «il y a eu dans toutes ces deux régions une baisse des performances du Programme élargi de vaccination. Cette situation renseigne qu'il y a moins d'enfants qui ont été vaccinés». Et d'ajouter : «Les résultats des projets nous montrent trois grands éléments qui sont à l'origine de cette baisse de vaccination dont la désorganisation des services avec les mesures restrictives. Il y avait aussi des problèmes d'approvisionnement en vaccins, mais aussi tout ce qui concerne la défiance des populations vis-à-vis de la vaccination».

Sur ces résultats, le Coordonnateur du PEV au ministère de la Santé et de l'Action sociale, Dr Ousseynou Badiane, déclare que «C'est la confirmation de ce qu'on pensait déjà, qu'on connaissait. Avant la COVID, le vaccin qui a été le plus impacté durant la pandémie, c'est le vaccin contre les infections à HPV, donc le vaccin contre le cancer du col de l'utérus.

En 2019, on était à 96% de couverture pour le HPV, et c'est tombé en 2020-2021 à moins de 50%. On croyait que c'était un impact important ; mais c'est moins important au niveau des vaccins infantiles, où la différence entre les couvertures ne dépasse pas les 10%. Pour les autres vaccins infantiles, la courbe est en train de remonter. Mais, pour le HPV, c'est vrai que ça remonte, mais ce n'est pas encore arrivé au niveau d'avant».

Toutefois, il a avancé que «l'intérêt de cette étude, c'est vraiment d'aller en profondeur pour analyser les causes de cet impact négatif de la COVID sur la vaccination et d'en tirer les enseignements pour le renforcement du programme de la vaccination, afin d'amener les couvertures vaccinales au niveau de celles d'avant COVID et même de les améliorer et de les maintenir pour lutter contre les maladies qui sont ciblées par ce dit programme de la vaccination, pour atteindre des objectifs d'élimination et d'éradication», a souligné Dr Badiane.

Cette étude ne s'est pas limitée à la restitution des résultats ; des recommandations ont été formulées. «Il faut surveiller les infox sur la vaccination parce que la COVID a malheureusement eu des effets néfastes sur la région vaccinale. Il faut également que les professionnels de santé, qu'ils soient acteurs communautaires ou acteurs sanitaires, soient bien formés sur les effets de la vaccination et sur le vaccin lui-même et en dernier faire des scénarios d'anticipation», a avancé Dr Khoudia Sow.

Des recommandations qui ont trouvé des oreilles favorables auprès du Coordonnateur du PEV. «Je pense que ce qu'il faut, c'est vraiment renforcer le programme, revoir les stratégies, mais aussi travailler sur l'adhésion des populations. Parce que, si vous voyez, au niveau de l'offre de services, il n'y a pas beaucoup de problèmes. L'État fait beaucoup d'efforts pour rendre disponible les vaccins, pour rendre disponible le personnel, pour mettre en oeuvre des stratégies innovantes pour atteindre les populations», a déclaré Dr Badiane.

Et d'attester : «maintenant, ce qui reste vraiment, c'est un peu du côté de la demande, où il faut, avec ce paysage médiatique, ces infox, ces rumeurs, ces lobbys anti-vax, convaincre les populations de se faire vacciner, d'accepter de vacciner toutes les cibles, tous les enfants, mais aussi toute la cible, parce que maintenant, la cible de la vaccination dépasse les enfants. Nous avons des vaccins qui sont administrés maintenant chez les adolescents, comme le vaccin contre le cancer du col de l'utérus. Donc, il faut amener les populations à adhérer totalement à cette vaccination-là, pour qu'on puisse couvrir plus de 95% des cibles».

Rappelons que ce projet est soutenu par l'Institut Pasteur de France et financé par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères, via le Fonds de Solidarité pour les Projets Innovants (FSPI).

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