Le groupe ENL consacre quelque 500 arpents de terre à Valetta, Moka, à la culture d'un type de thé venu du Kenya, pays, qui comme le Sri Lanka, est très présent sur le marché mondial du thé.
Le groupe Espitalier-Noël Ltd (ENL), engagé dans un programme de diversification à grande échelle, se lance, cette fois, dans la culture théière. Son projet consiste à reconvertir en champs de thé quelque 500 arpents de terre recouverts de canne à sucre à Valetta dans la région de Moka. Région qui a réussi le test de l'étude de faisabilité.
Olivier Baissac, Chief Executive Officer d'ENL Agri Limited, en parle. «Nous avons fait le choix d'implanter cette culture sur des terrains où la canne à sucre a des rendements modestes et où le thé prospère, optimisant ainsi sa rentabilité. Ce projet permet aussi de transformer des zones sous-exploitées en cultures à forte valeur ajoutée. Enfin, l'humidité et les températures des hauts plateaux offrent un environnement naturellement propice aux théiers, contribuant à la préservation des ressources en eau et garantissant une production de qualité.»
L'élément qui a convaincu est que «le marché international du thé, fort de son volume d'exportations de 1,84 million de tonnes pour une valeur de $7,32 milliards, est dynamique et porté par la croissance de la demande», a précisé Olivier Baissac.
Sans un transfert de technologie et de savoir-faire dans un domaine aussi technique, le groupe ENL n'aurait pu mener à bien ce projet seul. Projet dont les objectifs sont de redynamiser la production du thé à Maurice ; produire des feuilles de qualité supérieure pour obtenir un excellent thé ; réduire la dépendance de Maurice sur les importations, tout en favorisant une industrie du thé plus robuste et compétitive et finalement, jouer un rôle de pivot comme facilitateur auprès des petits planteurs et dans l'industrie théière.
Le partenaire d'ENL est la Kenya Agricultural and Livestock Research Organization (KALRO), qui est au coeur du développement agricole au Kenya. L'organisme au sein du KALRO qui épaule le groupe ENL et permettre à l'industrie théière locale de faire un pas de géant est le Tea Research Institute. Cet institut se concentre principalement sur la recherche et le développement de clones améliorés, sur le recours aux technologies appropriées pour l'amélioration du rendement et de la qualité, sur la diversification des produits à base de thé, sur la valeur ajoutée et sur le thé et la santé.
Paul Ayiemba Odongo, Assistant research officer à la Tea Research Foundation du KALRO, est fier du résultat du travail accompli auprès du groupe ENL. «Grâce au groupe ENL, Maurice dispose désormais des outils pour produire un thé capable de satisfaire aux exigences du marché international du thé.» Il a formé les équipes chargées d'appliquer les techniques modernes de la culture du thé. La première récolte de feuilles est prévue pour 2027. L'investissement du groupe ENL dans cette culture est de quelque Rs 160 millions.
Hier, c'était la fête à Valetta lors du lancement de la culture de ce nouveau thé. Pour Gilbert Espitalier-Noël, Chief Executive Officer du groupe ENL, «la réalisation de cet ambitieux projet est l'illustration de l'attachement du groupe à l'agriculture depuis plus de deux siècles. Nous resterons des agriculteurs, et ce, pour très longtemps. Mais nous serons des agriculteurs du XXIe siècle, alliant tradition et innovation, respect de la terre et optimisation de son potentiel, héritage local et expertise internationale.»
Arvind Boolell, ministre de l'Agro-industrie, a estimé qu'il faut être audacieux pour oser s'engager dans un tel projet. Il a insisté pour que le groupe ENL démontre que cette initiative sera bénéfique non seulement à ses partenaires mais aussi aux autres acteurs, notamment aux petits planteurs. Le groupe ENL a déjà un programme de collaboration avec les petits planteurs comprenant une formation sur les méthodes modernes de culture du thé ou encore par rapport à la fourniture de nouvelles variétés cultivées.