Burkina Faso: Le terrorisme n'a pas de visage

Le Burkina Faso est un pays de plus de soixante communautés. Depuis sa création, les différents peuples qui le composent ont toujours cohabité en plaçant la paix au-dessus de leurs divergences.

On ne peut pas vivre ensemble sans s'égratigner. On ne peut pas se fréquenter sans se manquer. La crise qui sévit chez nous depuis près d'une décennie n'est pas une marque déposée d'un groupe social donné. La méchanceté n'a pas de faciès ; elle n'a pas de teint, de taille ou d'accent. Le terrorisme que nous regardions de loin sous d'autres cieux est devenu en si peu de temps monnaie courante chez nous. On peut aller chercher les mobiles du drame où l'on veut, on peut tergiverser sur les non-dits du puzzle, l'inconnu de l'équation est loin de la fibre communautaire. Les raisons du pogrom se trouvent dans nos coeurs et dans nos esprits.

On peut épiloguer à longueur de journée, crier sa part de vérité et vouloir l'imposer aux autres, l'autre part de la vérité est que la plupart de ceux qui nous attaquent sont des Burkinabè, soutenus par d'autres Burkinabè. Ceux qui nous attaquent n'ont jamais dit ce qu'il voulait de meilleur pour ce pays. Ceux qui nous attaquent n'ont jamais brandit un programme politique pour faire de leur lutte un moyen de changement positif de notre pays.

Pendant près de dix ans, ils ont tué des Burkinabè et jubilé sur les hécatombes leur joie d'avoir versé du sang humain. Rien ne sert de brandir la funeste caricature d'une catégorie de Burkinabè pour avoir raison ; rien ne sert de faire la promotion de l'affrontement communautaire et prospérer dans sa dérive.

Il suffit de se demander pourquoi ils scandent le saint nom de Dieu avant de commettre leur forfait. C'est pour jeter l'anathème sur une religion de tolérance. Peut-on vraiment associer le nom de Dieu dans un projet aussi funeste ? Il suffit de jeter un coup d'oeil sur le contenu asocial des réseaux sociaux pour se rendre compte que le bon sens ne gouverne plus certains Burkinabè.

De la même manière que les FDS et VDP se battent sur le champ d'honneur, des activistes de l'horreur déversent leur haine en dissimulant mal entre les lignes ou le ton de leur publication, le voeu du pire. Il suffit de lire le titre apocalyptique du journal Jeune Afrique pour se rendre compte que même le journalisme n'échappe pas au manichéisme suicidaire de la pyromanie.

Où est la responsabilité sociale de Jeune Afrique ? Pour la simple volonté d'informer ou de critiquer, avait-on besoin d'un tel titre chaotique pour peindre la situation ? Jeune Afrique était-il sur le terrain et quel travail de recoupage digne de ce nom a-t-il effectué pour prétendre détenir la vérité ? Même le conditionnel de la prudence a manqué à la pratique d'une noble profession.

On peut ne pas être d'accord avec la dynamique enclenchée par cette Transition, mais peut-on pousser l'outrecuidance jusqu'au bout de l'ignominie en invoquant le spectre de la violence contre une communauté ? Comment voulez-vous convaincre le Burkinabè lambda de votre bonne foi d'informer ou de critiquer avec des mots qui cachent mal vos propres maux ? C'est trop facile de vouloir transformer une plume en un canon ou un micro en un missile dans une savane où il n'y a pas mille collines.

C'est osé de penser que le peuple burkinabè est assez niais pour happer des pamphlets commandés de bas niveau. Le Burkina Faso est persécuté et le sera peut-être davantage au fur et à mesure que nous nous entêterons à marcher vers l'indépendance vraie.

Le Burkina Faso sera la cible de certains de ses propres fils et filles tant que la cure de sevrage de l'égoïsme national se poursuivra.Chaque leader d'opinion est interpellé pour passer le message de la cohésion au sein des différentes communautés. Chaque Burkinabè doit savoir raison garder et méditer le sens profond du mot Burkinabè et se rendre à l'évidence que tout y est déjà et que l'accent grave de la dernière syllabe montre à souhait que notre intégrité n'exclut aucun Burkinabè.

Ni la religion, ni l'appartenance à une communauté ne saurait être un prétexte pour effilocher notre vivre-ensemble. La lutte contre le terrorisme ne saurait donc tolérer l'apologie des « gravats communautaires ». Le Burkina Faso est notre patrimoine et héritage le plus grand. Et notre devise en dit long sur la réponse réservée aux ennemis de cette nation.

Et l'ennemi de la nation ne vient pas toujours d'ailleurs ; il est parfois avec nous, pire il est parfois un des nôtres. Que celui qui se sent véritablement Burkinabè dépose les armes ou arrête de jouer au Juda et réintègre la nation. A contrario, contre vents et marées, cette nation se défendra, parce que nous n'avons pas une autre ailleurs ; parce que l'avenir de ce pays transcende les intérêts malsains et les calculs égoïstes.

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