La Commune urbaine d'Antananarivo (CUA) a mené hier une vaste opération d'assainissement à Analakely, rendant à l'Avenue de l'Indépendance son aspect dégagé et facilitant la circulation.

Dès l'aube, policiers municipaux et agents de marché ont investi les lieux, conformément aux annonces faites par Harilala Ramanantsoa, magistrate de la ville, en début de semaine. Pour la première fois depuis des années, les étals des vendeurs informels avaient disparu, tout comme les réparateurs de téléphones et leurs véhicules habituellement stationnés sous les arcades.

L'intervention s'est déroulée sans affrontement. Déjà avertis, la plupart des marchands ont évité d'installer leurs stands habituels. Pourtant, certains espéraient encore un assouplissement des autorités, restant à proximité des arcades avec leurs marchandises à la main, tentant d'attirer des clients. « Nous avons des enfants à nourrir, de l'écolage à payer. Si ça continue, nous allons devenir des voleurs. Laissez-nous travailler ! », s'indigne une commerçante, au bord des larmes.

D'autres dénoncent une décision inégalement appliquée. À quelques rues de là, à Soarano et Behoririka, des marchands continuaient à vendre sur les trottoirs, sans être inquiétés. « Pourquoi nous évacuer alors que d'autres restent en place ? Ici, nous ne dérangeons ni les piétons, ni la circulation ! », s'insurge Anne-Marie, vendeuse d'accessoires de téléphone.

La CUA propose aux commerçants de rejoindre les marchés d'Andravoahangy ou de la Petite Vitesse à Isotry, mais ces derniers s'y refusent. « Ces marchés sont déjà saturés, les commerçants sur place ne veulent pas de nous, et surtout, il est difficile d'y trouver des clients », avancent-ils pour justifier leur réticence.

Une mesure saluée par de nombreux habitants

Si la situation reste tendue pour les marchands concernés, de nombreux habitants et automobilistes se réjouissent de cette initiative. « C'est agréable de voir enfin cette avenue dégagée. Il y a plus de places de parking, et la circulation est fluide. La CUA doit maintenir cet état de fait et étendre cette mesure à l'ensemble des trottoirs de la ville », estime Navalona, un conducteur.

Cette opération ne serait qu'un premier pas. Les autorités municipales préviennent : tous les vendeurs occupant les trottoirs des six arrondissements de la capitale devront à terme rejoindre les marchés formels. Reste à savoir si cette politique sera appliquée avec constance sur l'ensemble du territoire urbain.