Cote d'Ivoire: Présidentielle au pays - Alea Jacta Est?

21 Mars 2025
analyse

Ainsi peut-on clamer après la publication de la liste électorale provisoire et celle des candidats à l’élection présidentielle d’octobre 2025 par M. Coulibaly Kuibiert Ibrahim Président de la Commission électorale indépendante de Côte d’Ivoire (CEI).

C’est fait, « la sentence » est tombée irrévocable pour certains, car l’une des étapes majeures vers l’élection présidentielle d’octobre vient d’être franchie par l’acte que vient de poser la CEI et qui ouvre la période du contentieux électoral à partir du vendredi 21 mars 2025, pour les électeurs qui ne sont pas inscrits à tort sur les listes.

Une chose est au moins sûre, le débat sur l’élargissement de la révision du fichier, agité depuis près de trois mois par les partis d’opposition pour permettre aux électeurs non-inscrits de figurer sur les listes, est maintenant clos.

Selon le président de la CEI, le fichier électoral provisoire ivoirien compte à partir de ce 17 mars 8,7 millions d’électeurs. Comme la plupart des observateurs s’y attendaient un peu, les noms de Laurent Gbagbo, de Soro Guillaume et de Charles Blé Goudé n’y figurent pas. C’est dire donc que le contentieux électoral est déjà ouvert, même s’il faut le dire, il est encore de basse intensité, en ce sens que le caractère irrévocable de cet acte du calendrier électoral n’est pas encore définitivement consacré.

En effet, d’ici le mois de juin, date de la publication définitive des listes on peut s’attendre à des rebondissements, à une autre configuration de l’espace politique, avec des alliances voire des mésalliances. D’ores et déjà les premières déclarations de Charles Blé Goudé indiquent la voie de la bataille juridique. L’allusion faite à la « jurisprudence Ousmane Sonko » au Sénégal incline à le croire.

Pour rappel, l’actuel premier ministre du Sénégal, leader des « Patriotes » sénégalais, avait été radié des listes électorales, malgré une décision de justice ordonnant sa réintégration, parce qu’aux yeux du pouvoir en place à l’époque, il a été « condamné par contumace ». Finalement, la justice a tranché en sa faveur, suite à un rapport de force politique qui a abouti à sa participation au scrutin et à la victoire du candidat qu’il a lui-même désigné. L’exemple du Sénégal est-il reproductible en Côte d’Ivoire ?

C’est bien làla question, même s’il faut le reconnaitre, les contextes ne sont pas les mêmes.

Ce qu’il faut toutefois remarquer pour le saluer, est que les leaders de l’opposition semblent opter pour l’instant, pour une contestation juridique plutôt que pour la confrontation. Dans le camp d’en face, c’est bien l’invite qui leur est faite. Entre les deux camps, il est vrai, il n’y a pas à proprement parler d’arbitre, d’autant que la CEI elle-même, en charge de l’organisation des élections, n'est pas créditée d’un capital confiance du côté de l’opposition dans ses diverses composantes, que ce soit la coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’ivoire (CAP. Côte d’ivoire) ou les autres alliés de Gbagbo.

La société civile, naguère très engagée dans le processus électoral, est depuis une dizaine de jours challengée par la nouvelle loi portant ratification de l’ordonnance du 12 juin 2024 relative à l’organisation de la société civile. Au-delà du moment choisi qui fait l’objet de préoccupations, les motivations ne manquent pas d’inquiéter certains leaders de la société civile, mais également les acteurs politiques comme les députés du PPA-CI de Laurent Gbagbo, qui voient une tentative de musèlement des Organisations de la Société Civile (OSC) sous prétexte de lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

En effet, l’ordonnance sur les OSC prévoit des mesures à l’encontre de celles ayant un objet ou un but illicite et de celles qui, dans leur parcours et en raison de leur spécificité, peuvent constituer une menace sécuritaire, économique et sociale.

Allez comprendre ce qui se cache derrière ce flou qui ne saurait être qu’un piège fatal pour les OSC très impliquées dans la chose politique et notamment le jeu électoral, même si le pouvoir en place s’en défend.

Les prochains jours nous édifieront.

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