Sénégal: Célébration de la journée internationale de la francophonie - Baisse drastique du niveau des élèves en français, l'estocade !

L'édition 2025 de la Journée internationale de la francophonie est placée sous le thème de l'éducation au sens large qui fabrique des citoyens conscients. Cette célébration, faite le 20 mars de chaque année, intervient cette année dans un contexte marqué par une baisse drastique du niveau des élèves et des professeurs.

Plusieurs facteurs expliquent une telle dégringolade et engagent la responsabilité de tous les acteurs de la chaîne du système éducatif sénégalais. Paresse intellectuelle des élèves, absence de conviction chez les enseignants, environnement scolaire pollué par des abris dénudés, le laxisme... sont entre autres facteurs.

Le maniement de la langue française perd de plus en plus son charme dans les écoles sénégalaises. Certains ouvriers de la langue n'hésitent point à comparer le niveau actuel d'un bachelier à celui d'un certifié des années d'après indépendance. Paul Faye, professeur de français et formateur au Centre régional de formation du personnel de l'éducation (CRFPE) de Sédhiou déclare que «cette baisse du niveau des élèves ne date pas d'aujourd'hui et remonte après le départ de l'ancien président Léopold Sédar Senghor. Il y a plusieurs facteurs qui expliquent cette situation. D'abord, la mauvaise volonté de beaucoup d'élèves à se donner à fond pour apprendre et sont également victimes des innovations technologiques. Ils sont plus sur leur téléphone que dans la réalité».

Les élèves apportent leur lecture critique au débat. «C'est vrai que beaucoup d'élèves sont devenus très paresseux et ne lisent pas beaucoup. Mais il est important de noter que certains enseignants aussi n'ont pas le niveau et même les élèves constatent leur incapacité en classe», ont fait observer des potaches interrogés.

Comment peut-il en être autrement si des enseignants, craie en main, trainent des lacunes. «Nous avons constaté que nombreux sont de plus en plus des gens qui n'embrassent plus le métier d'enseignant par conviction mais juste pour trouver un emploi et subvenir à ses besoins. Résultat, ce n'est plus le même engagement qu'auparavant, ni les mêmes dispositions à administrer une pédagogie adéquate», dixit Paul Diène Faye.

Nous avons tenté de remonter le temps et sur le chemin, nous découvrîmes que depuis le départ du premier président poète du Sénégal Léopold Sédar Senghor, la langue française à commercer à se vider de sa substance. Comble de malheur, les recrutements politiques ont porté le coup de grâce à ce qui existait déjà.

Notre compagnon du jour et professeur de français, Paul Faye, apprécie : «les recrutements politiques ont commencé avec l'avènement du président Abdou Diouf. Souvent, c'est juste pour caser un client politique que de répondre à un besoin avec le profil requis», se désole Paul Faye, professeur de français et formateur au CRFPE de Sédhiou.

A cela s'ajoute l'environnement scolaire meublé d'abris provisoires à décourager le meilleur des enseignants, relève-t-il. «C'est sans doute un environnement scolaire très démotivant, avec des abris provisoires à vous couper le souffle. C'est de la poussière, du soleil et des reptiles, pour un effectif qui dépasse les soixante-dix (70) élèves. Comment voulez-vous que l'enseignant réalise des performances dans ces conditions exécrables», fait-t-il observer.

Ce n'est pas tout car les innovations technologiques, avec la prolifération des téléphones smartphones, ont envoyé les élèves sur une autre planète à la fois virtuelle et idyllique. Et, au sein de la communauté, beaucoup de parents ont manifestement démissionné de leur rôle. Enseigner, c'est accepter de saigner et celui qui cesse d'apprendre doit conséquemment cesser d'enseigner car la vie nous apprend tous les jours son vrai visage à la fois dynamique et fugace.

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