«Une catastrophe si la pluie ne tombe pas», alerte l'hydrologue Farook Mowlabaccus
La situation hydrique à Maurice devient de plus en plus critique. Malgré les récentes averses, les niveaux d'eau dans les réservoirs restent alarmants. Hier, le taux moyen de remplissage des sept réservoirs du pays n'était que de 45,1 %, une baisse drastique par rapport aux 92,6 % enregistrés à la même période l'année dernière.
Selon les chiffres communiqués par la Water Resources Unit, La Nicolière est à 68,6 %, Piton-du-Milieu à 61,5 %, Mare-Longue à 51,3 %, Bagatelle à 50,7 %, Midlands à 45,7 %, Mare-aux-Vacoas à 38,6 % et La Ferme à 32,7 %. Bien que certaines régions du pays aient reçu de la pluie, comme Queen Victoria avec 18,6 mm et Vacoas avec 17,3 mm enregistrés hier, ces précipitations restent insuffisantes pour inverser la tendance.
Face à cette situation, le Water Crisis Committee, présidé par le ministre de l'Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, se réunit quotidiennement pour ajuster les mesures de restriction. La distribution de l'eau a été réduite dans certaines régions à seulement quatre à cinq heures par jour.
L'hydrologue Farook Mowlabaccus tire la sonnette d'alarme. «C'est la première fois dans ma carrière que Maurice fait face à une situation aussi grave. Si la pluie ne tombe pas de manière significative d'ici avril, nous devrons nous appuyer entièrement sur les forages souterrains. Mais jusqu'à quand cette ressource pourra-t-elle tenir ?» Il remet également en question la stratégie gouvernementale, notamment l'utilisation de l'eau du réservoir de Mare-Longue pour la production hydroélectrique au lieu d'en rediriger une partie vers Mare-aux-Vacoas, le plus grand réservoir du pays, afin de ralentir son assèchement.
«Si les réservoirs descendent en dessous de 15 % de leur capacité, nous devrons cesser le pompage, car l'eau deviendra inutilisable.» L'option du dessalement de l'eau de mer reste la dernière solution, mais son coût demeure un obstacle majeur. «Pour comprendre l'impact financier, nous devons analyser les coûts du dessalement à Rodrigues, où une 'plante' est déjà en place», souligne l'hydrologue.
L'irrigation des champs de canne a été suspendue temporairement et les travaux de réparation des fuites d'eau ont été accélérés. Une campagne de sensibilisation a été renforcée pour encourager un usage responsable de l'eau.