Le projet ambitieux de développement d'un pôle minier régional, destiné à relever les défis de l'exploitation minière au Sénégal, est estimé à 509 milliards de francs CFA.
L'annonce a été faite à Dakar hier, jeudi 20 mars, par le ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Sérigne Guèye Diop. Le projet devrait générer près de 6 000 emplois directs et indirects, contribuant ainsi à la dynamisation du secteur.
Dans sa volonté de s'imposer comme un acteur majeur du secteur minier en Afrique de l'Ouest, l'État du Sénégal a lancé une étude approfondie visant à structurer un plan minier d'envergure. Ce projet, qui se veut une référence dans le domaine, concerne les régions de Thiès, Kédougou et Tambacounda et repose sur la mise en place d'une offre structurée et cohérente. L'étude dudit projet a permis d'évaluer les besoins financiers à hauteur de 509 milliards de FCFA, financés conjointement par l'État et le secteur privé, en vue d'optimiser l'exploitation des ressources minières et de renforcer l'attractivité du pays dans ce domaine.
S'exprimant hier, jeudi 20 mars 2025, à Dakar, lors d'un atelier dédié à la relance du hub minier régional, en cohérence avec l'Agenda de transformation 2050, le ministre de l'Industrie et du Commerce a précisé que cette initiative repose sur trois composantes essentielles à savoir une plateforme de collaboration entre chercheurs, start-ups, étudiants, centres de recherche, investisseurs et industriels, afin de renforcer les compétences et le capital humain ; un pôle logistique dédié au transport, au tri, à l'expédition et à la distribution des intrants miniers et un centre de services regroupant l'ensemble des prestations d'appui à l'industrie minière.
Valorisation des ressources locales et création d'emplois
Le Sénégal dispose d'importants gisements de calcaire, d'or, de phosphate, de fer ainsi que de minerais rares. Cependant, seuls 23 % des services liés à l'exploitation minière sont actuellement captés sur le territoire national, le reste étant assuré par des acteurs étrangers.
Afin d'inverser cette tendance, le gouvernement ambitionne d'accroître la transformation locale des matières premières. « Il ne s'agit plus d'exporter uniquement des minerais bruts, mais d'accompagner les entreprises locales dans la production de produits intermédiaires et finis », a souligné le ministre.
À titre d'exemple, la filière aurifère bénéficiera d'infrastructures dédiées au raffinage et à la transformation, favorisant ainsi l'émergence d'une industrie locale de la bijouterie. En outre, ce projet devrait générer près de 6 000 emplois directs et indirects, contribuant ainsi à la dynamisation du secteur.
Un appel à l'investissement national et international
Le ministre Sérigne Guèye Diop a exhorté les investisseurs sénégalais à s'engager pleinement dans ce projet structurant, affirmant qu'il est primordial que le pays conserve la maîtrise de ses ressources naturelles. Il a également invité les partenaires internationaux à s'implanter au Sénégal, en veillant au respect du contenu local afin de soutenir l'industrialisation du pays.
Le ministre de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, M. Birame Souleye Diop, a pour sa part assuré que l'ensemble des départements ministériels concernés (Industrie, Commerce, Travail, Emploi, Urbanisme, Transports terrestres et aériens, Formation professionnelle) sont pleinement mobilisés pour la mise en oeuvre du projet, initié depuis 2022.
Un engagement du secteur privé
Salimata Kane, porte-parole des porteurs de projets, a exprimé son impatience quant à la concrétisation de cette infrastructure, affirmant la capacité de transformation et de structuration qu'elle représente pour le secteur minier. « Sur le plan financier, nous représentons collectivement plus de 120 milliards de francs CFA », a-t-elle précisé.
De son côté, M. Alpha Sy, directeur exécutif du Club des investisseurs, s'est félicité de la volonté de l'État de confier ce projet stratégique au secteur privé national, estimant que cette démarche répond parfaitement aux attentes des acteurs économiques locaux.
Avec cet ambitieux programme, le Sénégal aspire à se positionner comme un véritable hub minier de référence en Afrique, conciliant exploitation optimale des ressources et développement industriel durable.