Mali: Alou Badra Sacko, cadre de la société civile, détenu par la Sécurité d'État depuis une semaine

Cela fait tout juste une semaine, ce vendredi 21 mars, qu'Alou Badra Sacko a été enlevé en plein coeur de Bamako par des hommes encagoulés. Selon les informations de RFI, il est depuis détenu par la Sécurité d'État du Mali. Président du Front Touche pas à mon argent et coordinateur de l'Appel du 20 février, qui rassemble des organisations politiques et de la société civile pour le retour à l'autre constitutionnel au Mali, Alou Badra Sacko a été enlevé le 14 mars dans la capitale après avoir animé une réunion pour contester les nouvelles taxes sur les services téléphoniques. Depuis, plus aucune nouvelle.

Ses proches ignorent où il est, comment il est traité. Alou Badra Sacko, figure de la société civile malienne, est détenu depuis une semaine dans une prison secrète de la Sécurité d'État. Abdoulaye Traoré est le président du parti RJS (Rassemblement pour la Justice Sociale), membre de l'Appel du 20 février, dont Alou Badra Sacko est coordinateur. En exil hors du Mali, il exprime son inquiétude :

« Nous avons peur pour sa sécurité, pour sa survie, explique Abdoulaye Traoré. C'est quand même un vieux de plus de soixante ans, et il est atteint de deux maladies chroniques, l'hypertension et le diabète. C'est d'abord ça notre crainte. »

Contestation des nouvelles taxes

Alou Badra Sacko a été enlevé après avoir organisé une réunion du Front Touche pas à mon argent, pour contester les nouvelles taxes, entrées en application au début du mois, sur l'achat de crédit téléphonique et sur les transferts d'argent par mobile money. Les autorités de transition assurent que ces taxes financeront des projets sociaux, mais de nombreuses organisations politiques et de la société civile dénoncent un système de gestion opaque et un poids trop lourd pour les Maliens, déjà confrontés à la vie chère et aux coupures d'électricité.

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« Nous sommes écoeurés par cet énième enlèvement »

Au-delà de ce combat, Abdoulaye Traoré, du RJS et de l'Appel du 20 février, dénonce le climat de terreur entretenu par les autorités, dont l'enlèvement d'Alou Badra Sacko est une illustration supplémentaire. « Nous sommes écoeurés par cet énième enlèvement, c'est un enlèvement de trop, s'indigne l'opposant. Nous avons des camarades politiques, des camarades de la société civile, qui se font enlever en plein coeur de Bamako par des gens cagoulés, armés, non identifiés... Les droits de l'homme ne sont plus respectés dans notre pays ! »

Depuis l'enlèvement, les activités prévues par le Front touche pas à mon argent - une conférence de presse notamment - ont été reportées. Mais pas abandonnées, assurent ses membres.

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