Les grandes villes tunisiennes veillent, en cette seconde quinzaine de Ramadan, au rythme d'une effervescence commerciale tant attendue.
Comme à l'accoutumée, cette période de l'année apporte au milieu urbain une dynamique spécifique, incitant les Tunisiens aux sorties et au shopping spécial Aïd El-fitr. Une fois rassasiées après une journée de jeûne, les familles quittent leurs foyers douillets pour se délester de la monotonie et rejoindre la foule férue de soirées, de sorties et de courses. Et c'est en cette période, essentiellement, que les boutiques remontent leurs rideaux pour la deuxième fois de la journée, prêtes qu'elles sont à accueillir les clients et à remplir les caisses après des mois de stagnation. C'est que les soldes n'ont pas, vraiment, été à la hauteur des attentes des commerçants. Ces derniers savent, pertinemment, que leur activité fleurira certainement suite aux préparatifs de l'Aïd. Soit !
Cependant, la réouverture des boutiques et des divers commerces après la rupture du jeûne, telle qu'elle a été déclaré par le ministère de tutelle, suit-elle, réellement, la logique d'une logistique adaptée à la situation ? Autrement dit, les conditions nécessaires et favorables aux déplacements, aux courses, aux loisirs, au retrait d'argent en cas de besoin et au travail nocturne sont-elles garanties ?
Serait-ce le même calvaire ?
Il faut dire que, contrairement à bien des pays et des villes à travers le monde, les villes tunisiennes n'ont toujours pas intégré l'habitude d'une vie commerciale nocturne. Si Tunis, par exemple, s'étouffe au cours de la journée sous l'effet de la foule hétéroclite, des embouteillage, des moyens de transport en commun et autres, individuels, des klaxons, du jeu du chat et de la souris avec les agents chargés d'enlever les véhicules en stationnement illégal et bien d'autres phénomènes qui font de la capitale ce qu'elle est, des efforts ont-ils été fournis pour rendre la vie nocturne, durant Ramadan, plus harmonieuse et plus agréable ? Pour inciter les gens à sortir la nuit, à fréquenter les espaces publics de loisirs et à faire des courses en guise de préparatifs de l'aïd, des courses qui, rappelons-le, seraient probablement impossibles pour la population active, laquelle quitte le travail en même temps que la majorité des commerçants, moult mesures sont à prendre.
Les «mesures» qui sauvent !
Pour réussir l'épreuve, les villes tunisiennes doivent se convertir en villes nocturnes en bonne et due forme, en minimisant tous les obstacles susceptibles de transformer une soirée ramadanesque en un supplice pour la famille tunisienne.
Pour ce, le déplacement ne doit aucunement rimer avec risque ! Les moyens de transport en commun et autres individuels, notamment les taxis, doivent être disponibles et sécurisés. Pour les personnes motorisées, le stationnement ne doit pas être une contrainte, surtout que les administrations sont fermées la nuit et les zones qui leur sont réservées peuvent résoudre tant de problèmes de stationnement. En outre, les banques doivent prendre en considération le recours accru aux DAB et faire en sorte que les requêtes ne soient pas déclinées suite à un manque de billets...
Halte aux tarifs gonflés !
Par ailleurs, les cafés, les salons de thé et les restaurants sont appelés à faire respecter la loi, en fixant des tarifs logiques, puisque les prix «raisonnables», eux, semblent céder la place à des prix ahurissants. D'autant plus que la vente conditionnée est à dénoncer afin de lutter contre les pratiques illégales exercées au détriment des droits des consommateurs.
Quant aux commerçants, ils sont redevables de garantir aux employés actifs la nuit les rémunérations qui leur reviennent de droit, notamment une prime de nuit et, dans certains cas, le transport.
Toutes ces composantes s'avèrent cruciale pour réussir l'épreuve. Néanmoins, la principale mesure dont les répercussions sont plus que salutaires n'est autre que la garantie de la sécurité. Les villes aux activités nocturnes ont cette particularité de défier toute contrainte et faire en sorte que la vie continue, non pas sous les rayons du soleil mais sous la lumière des lampadaires, avec autant de vivacité. Faisons des grandes villes tunisiennes des villes où il fait bon vivre la nuit.